• Article 237 - Gérard Mulliez n'est plus hollandais ... mais garde des intérêts en Belgique.

    Bonjour

    Non, ce n'est pas une conversion à la "macronite" aigüe qui fait le buzzzzz actuellement ; après la rencontre entre Gérard Mulliez et Macron dans la villa de ce dernier au Touquet.

    Plus prosaïquement, il s'agit tout simplement (si on ose dire) de la "cross-border conversion", en langage français du transfert du siège social des Pays-Bas vers la France de la société Burgodam BV, que contrôlait Gérard Mulliez. Nous avons souvent indiqué que contrairement à ce qu'il affirmait, Gérard Mulliez n'avait pas seulement des sociétés en France, mais également une société aux Pays-Bas, à savoir Burgodam, qui gérait certains de ses intérêts financiers. Les 6, 7, 8 et 9 juin 2016, les diverses modalités de ce transfert ont été enregistrées aux Pays-Bas, et les statuts d'une société française, Burgodam, adoptés antérieurement le 23 mars 2016, ont été officiellement déposés au greffe du tribunal de commerce de Paris (et non pas Lille Métropole) le 23 juin 2016.

    Ces statuts de la Burgodam "France" consistent en une Sarl au capital de 18 152,12 €, avec 40 002 parts sociales détenues par les 3 sociétés civiles Arfil, Pafil et Amfil à parts égales ; ces trois sociétés civiles sont celles des enfants de Gérard Mulliez, en sachant que ce dernier et son épouse sont les gérants des 3 sociétés civiles.

    La coupe d'Europe de football a été particulièrement fructueuse, puisque dans la foulée de ce transfert en France, la dite société Burgodam France a fusionné avec la société Ausspar, qui regroupe dorénavant tous les intérêts familiaux de Gérard Mulliez et de ses enfants. En effet, le 24 juin, les membres de la famille de Gérard Mulliez ont procédé à la fusion de la nouvelle société Burgodam avec Ausspar. En contrepartie de cet apport, les trois sociétés civiles ont reçu chacune 854 913 actions nouvelles ADP 2, chacune de ses actions étant valorisée à 148,62075 €. Les apports totaux ont donc donné lieu à une augmentation de 854 913 x 3 x 148,6275 € = 381 173 443,73 €. Beau transfert de capital vers la France, d'autant que cet apport a donné lieu en outre au constat d'une prime de fusion de 23 033 462,99 €, l'apport total des actifs net de Burgodam BV, puis Burgodam France étant de 404 206 896,72 €. Admirons la précision des calculs.

    Le nouveau capital d'Ausspar est depuis divisé en 20 824 435 actions, réparties entre :

    - 17 308 819 actions AOA ;

    - 314 752 actions AOB ;

    - 636 125 actions ADP 1 ;

    - et 2 564 739 actions ADP 2.

    Rappelons que la mise en ordre de la maison "Ausspar" avait déjà été partiellement réalisée avec des apports de titres "groupe Mulliez" en octobre 2014 par ces mêmes trois Sociétés civiles, apports qui avaient donné lieu à la création de 30 218 actions AOB.

    Le total du capital d'Ausspar (hors les primes de fusion ...) est donc actuellement de 3 095 M€. Ce qui donne une première approximation de la valeur du patrimoine familial. Attention, les "bouliers de Challenges", ce n'est que la partie "capital" de la société ...

    En outre, lors des apports de Burgodam, le patrimoine de cette société a été dévoilé. Burgodam contrôlait aux Pays-Bas à la date du 30 novembre 2015 : 66,67% de la société belge Astrid Management (le reste étant détenu la famille de son frère Philippe), 99,97% de la société belge Damburg et 41% de la société française Corot, cette dernière détenant une participation de 12,38% dans le groupe Décathlon.

    Rappelons également qu'au 30 septembre 2004 (dernier exercice publié au greffe ; depuis Gérard Mulliez s'est exonéré de toute publication des comptes annuels, sans faire l'objet de poursuites du greffe et/ou du procureur de la République) Ausspar détenait 70,96% de la société Soparsam, 32,7% de la société Cadi (qui va devenir le groupe Acadie - en 2015, Ausspar a probablement cédé à son frère Patrick la participation de 33% qu'il possédait dans Acadie, contre 33% d'Astrid Management, qui contrôle le groupe belge Maco Pharma), 9,32% dans le groupe Leroy-Merlin (qui va devenir Adeo) et diverses participations de 0,95% dans Auchan, 0,21% dans Boulanger et 0,35% dans Agapes. En 2008/2009, après la fusion entre Soparchan B et Soparsam, la séparation des titres détenus par Soparsam dans Boulanger et Agapes vers Ausspar, puis la fusion entre Soparsam (ainsi réduit) et Auchan, Ausspar détenait environ 10% de titres Auchan, de titres Leroy-Merlin, de Boulanger et d'Agapes.

    Ce transfert et cette fusion achèvent une série d'opérations qui préparent en fait la succession de Gérard Mulliez.

    Petite remarque finale : vous avez appris ici sur une partie de la famille Mulliez des informations inédites, et clairement argumentées. Je ne vous renvoie pas à l'article de Challenges sur les "Fortunes de France" (pages 74 à 76) où il n'y a que du baratin, à la mode habituelle du "journaliste" bidon (c'est du tintin à la plage). Et bien évidemment, aucune évaluation sérieuse de la famille Mulliez, classée en 3ème position avec 26 Mds€. Nous renvoyons à nos articles récents pour la véritable valeur détenue par la famille Mulliez.

    B. Boussemart

    Voir les commentaires d'Erwan ci-dessous annonçant le recul quant à l'étendue du mariage qui avait été projeté entre Auchan et Système U. La presse du 13 juillet (le Monde, le Figaro ....) avaient repris cette information.

    B. Boussemart

     


  • Commentaires

    1
    Erwan
    Mercredi 13 Juillet 2016 à 20:00

    Bonjour un tous,

     

    Un vrai case tête toutes ces participations!!!

    Pas simple de s'y retrouver, ce doit être pour cela que la famille a à son service toute une armée de fiscalistes, avocats, et tout le toutim chevronnés, cela va sans dire!!

    Si seulement ils étaient capables d'embaucher de vrais dirigeants commerçants à la hauteur, nous ferions du commerce, améliorerons le chiffre d'affaires,  la rentabilité, etc..

    Tiens puisque nous sommes dans le commerce, un scoop?

    Pour ceux qui ne le savent pas déjà, bien sur

    L'alliance Auchan - Système U ne se fera que sur la base des achats groupés.

    Pour le restant, changement d'enseigne des Hyper et tout le tintouin, ça tombe à l'eau, il semble (conditionnel), que les adhérents Système U n'aient pas confiance...en Auchan, à confirmer, bien sur.

    A suivre donc...

     

    Erwan

     

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    2
    Erwan
    Jeudi 14 Juillet 2016 à 11:08

    Pour les sceptiques, voici l'article que j'ai trouvé.

    Bonne lecture

     

    Erwan

     

     

    LES  FAITS. Auchan et Système U ont annoncé ce matin “ne pas poursuivre la démarche initiale de recherche de synergies en lien avec leurs réseaux respectifs”.

    Certains rêves sont irréalistes. Le rapprochement ultime (incluant les achats, la logistique et les enseignes) dont rêvaient Auchan et Système U ne restera donc qu’un… rêve. Seule demeure la coopération à l’achat, sans doute parce que c’est finalement le meilleur compromis entre les efforts à mettre en œuvre (un mandat de l’un à l’autre) et les bénéfices à en tirer !

    Une roucoulade circonscrite à l’amélioration des conditions

    C’est par un simple communiqué, au demeurant très mal titré eu égard à l’information essentielle (“Auchan Retail France et Système U réaffirment leur partenariat et lancent un projet de collaboration renforcée sur les achats”) que les tourtereaux ont circonscrit leur roucoulade à l’amélioration de conditions d’achat. Là où il devait y avoir projet de vie, il n’y aura finalement qu’une relation bassement intéressée ! C’est plus modeste et, surtout, moins engageant. 

    Ces dernières semaines, les signaux se multipliaient. Notamment chez les U. Enthousiastes aux premiers jours de l’idylle (pour preuve le vote du projet à 97,2 % en mars 2015), les associés se sont peu à peu distanciés. Au point de refuser de lâcher la proie pour l’ombre ? C’est, là, le bon sens qui commande l’analyse !

    Il y a 10 ans, personne n’aurait refusé de prendre l’enseigne Auchan. Aujourd’hui, si…

    Au fil des mois, les zones d’ombres sont en effet apparues de plus en plus… clairement ! D’abord l’intérêt même d’un Hyper U de prendre la bannière Auchan. Ah !, certes, il y a 10 ans, personne n’aurait refusé celle qui était la plus belle des enseignes d’hypers, en tous les cas au regard de ses performances commerciales. Auchan a longtemps affiché le meilleur rendement commercial, environ 15 000 €/m2/an. Désormais, l’enseigne est symboliquement talonnée par Leclerc : 12 386 € vs 12 355 € (source : Store Chart France / Ed. Dauvers). Sans compter que Hyper U suit de près : 11 342 €. Logique que les associés soient finalement plus sceptiques. D’autant que les performances récentes d’Auchan n’embellissent pas la mariée. Les hypers du groupe Mulliez ont enchaîné trois années de recul des ventes. Bref, au moment de sauter, de nombreux Hyper U ont refusé l’obstacle. 

    L’alliance devait aussi porter sur l’organisation logistique. Par principe un véritable casse-tête. Pas infranchissable, certes, mais, classiquement, dès que les opérationnels s’emparent du dossier, ils sont toujours plus prompts que leurs patrons à pointer les difficultés. Bref, pour eux-aussi, fusionner c’était lâcher la proie pour l’ombre.  Plus récemment, enfin, c’est l’Autorité de la Concurrence qui y est allée de son message… obscurcissant encore la noce. Elle y laissait deviner une sévérité à venir sur l’analyse des zones de concurrence, obligeant à de nombreuses cessions de magasins. Toujours difficiles à gérer dans un groupe d’indépendants. Que d’ombres, que d’ombres !

      • Dauvers
        Lundi 18 Juillet 2016 à 08:44
        Bjr
        Il ne vous aurait rien coûté de mentionner la source... ;-)
    3
    Lundi 18 Juillet 2016 à 09:36

    Bonjour

    Les sites de Système U comme d'Auchan n'ont pas publié de communiqué ... Quelle discrétion !!! Le dernier communiqué d'Auchan date du 22 juin et est consacré au "paiement mobile" ! Et celui de Système U date du 12 juillet et est consacré à un accord avec Sodiaal sur la question du lait !

    Quant aux données sur Gérard Mulliez et ses sociétés, les sources sont les greffes néerlandais et français. Que des données fiables, si les déclarations aux greffes sont conformes aux règles de droit et aux règles comptables.

    B. Boussemart

    4
    Erwan
    Dimanche 24 Juillet 2016 à 10:38

    Bonjour Monsieur Boussemart

    Effectivement, j'ai omis de mentionner la source, je croyais l'avoir fait.

    Je confirme,il s'agit bien des travaux de Monsieur Dauvers.

    L'erreur est réparée et je présente toutes mes excuses à Monsieur Dauvers, en espérant qu'il les accepte.

    Erwan

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