• Article 254 - Deux comiques des évaluations : Forbes France rejoint Challenges. Le cas Pinault

    Bonjour

    Les classements se suivent, et se ressemblent. Sauf qu'un nouveau comique de l'évaluation des groupes a fait son apparition depuis le début de l'année : Forbes France. Il est en bonne compagnie avec Challenges.

    Un premier exemple avec l'évaluation de la fortune Pinault. Début avril 2017, Forbes France annonce la fortune Pinault à hauteur de 15,7 Mds $, soit environ 14,7 Mds €. Hier, Challenges annonce fièrement sa propre évaluation, à 19 Mds €.

    Nous avions annoncé pour notre part dans le magazine Capital une valorisation à 12,35 Mds € !

    Bigre : que de différences. Qui a raison ? Il faut dire tout d'abord que Challenges comme Forbes n'indiquent aucune méthodologie pour leurs calculs ; sortez, il n'y a rien à voir. Pour notre part, la couleur est annoncée : nous prenons comme base de calcul (lorsque les sociétés sont cotées) la moyenne des cours du dernier jour des 4 premiers mois (janvier à avril) de l'année 2017, les cours de fin mai n'étant pas encore disponibles au moment des calculs. Et nous  tenons comptes de l'endettement que la famille supporte pour financer ce patrimoine professionnel. Si vous achetez votre maison 500 K€, et que vous vous endettez de 200 K€, votre patrimoine réel (tant que vous n'avez pas remboursé vos dettes) est de 300 K€. Il en va de même pour les grandes fortunes.

    Par suite : nous avons comme Challenges et Forbes le nombre de titres Kering (51 617 767 titres) et de titres FNAC-Darty (6 541 845 titres).

    Nous avons donc des évaluations boursières. Forbes publie début avril. Les cours de Kering des mois de février et mars 2017 varient aux alentours de 230 €, et ceux de FNAC-Darty autour de 65 €. Ce qui donne une valeur de 11 870 M€ et de 420 M€ ; Forbes ajoute la valorisation des autres sociétés détenues par le groupe Pinault (Christies ...) à hauteur de 3 250 M€. Ce qui donne un total de 15,5 Mds €. Cette valeur est proche de celle annoncée par Forbes France (nous avons arbitrairement pris une valeur boursière qui est probablement un peu supérieure à celle retenue par Forbes, la valeur du titre Kering ayant beaucoup augmenté depuis début janvier 2017.

    L'estimation de Challenges grimpe beaucoup, car le cours de Kering est proche de 300 € durant le mois de mai. Ce cours est actuellement de 309 € ; pas de changement notable pour FNAC-Darty ; et pas de changement pour les autres titres. La valorisation totale donne 15 480 + 420 + 3 250 = 19 150 M€.

    Notre estimation pour Capital a pris le cours de Kering à 244,24 € (moyenne sur 4 mois) : (220,2+229,75+242,45+284,55)/4 = 244,24 et de  62,15 € pour FNAC-Darty (même méthode). Ce qui donne une valorisation de 12 610 + 400 + 3 250 = 16 260 M€. Diable ; mais alors, pourquoi valorisons nous à 12,35 M€ ?

    Tout simplement pour la raison exposée en page 12 de la pièce jointe ci-dessous : Financière Pinault a un endettement de 4 124 M€ à la date de l'opération, le 21 novembre 2015. Evalué, s'il vous plaît, par la banque Rothschild !!!

    Télécharger « Kalimera2015d.pdf »

    Il faut donc retirer cette somme de notre valorisation à 16 260 M€. Nous avons diminué cette dette (fin novembre 2015) du montant maximum de dividendes ayant pu être remonté vers Financière Pinault en 2016. Ce qui porte la dette à 3 910 M€. D'où notre évaluation à 16 260 - 3 910 = 12 350 M€. CQFD.

    Bien évidemment, nos champions de l'évaluation n'ont absolument pas pris en compte cette dette, même ajustée. Forbes France et Challenges sont des clowns ! Mais ça permet de faire passer un maximum de pub. dans leurs journaux. Et cela sert en même temps les propriétaires des titres, qui voient la valeur progresser, sans aucune relations avec la valeur réelle des groupes en question. Fin 2016, Kering avait un EBITDA de 2 320 M€, qui n'est pas inutile de comparer à la valeur actuelle de la capitalisation boursière : 39 Mds € ; il faut près de 17 années d'une telle rentabilité pour couvrir la valorisation actuelle. Absurde. 

    Les marques de luxe vont bientôt se réveiller avec un mal de crâne boursier, quand la spéculation va s'achever.

    Bonne évaluation ; messieurs les comiques.

    Et malheur aux petits actionnaires qui croient en vos balivernes.

    B. Boussemart


  • Commentaires

    1
    Mercredi 28 Juin 2017 à 15:23

    Pour ce qui est de dettes, Challenges  et Forbes France semblent pratiquer (et ils ne sont pas les seuls) un apartheid, une politique d’analyse séparée, selon des critères raciaux, ethniques, et surtout financiers. 


    Suivant que ces dettes soient celles des trés trés riches, des multinationales, des banques renflouées par les Etats, de celles de la Nation Française, ou bien celles des pauvres, RSAistes et autres, ils oublient d’en parler, ou ils matraquent médiatiquement.
    Ce doit être une maladie génétique, spécifique aux journalistes.
    Une maladie grave, 4 124 M€ c’est pas rien.

    Pendant ce temps là le Canard Enchaîné de cette semaine est obligé de rappeler une petite information insignifiante.
    La fausse domiciliation en Belgique de Bernard Arnault a débouché sur une transaction pénale RTBF - Belga - 22 Juin 2017.
    "Le parquet de Bruxelles et le patron du groupe de luxe LVMH, Bernard Arnault, viennent d'enterrer la hache de guerre. L'enquête lancée en 2012 concernant une augmentation de capital de 2,9 milliards d'euros de Pilinvest et une possible fausse domiciliation en Belgique de Bernard Arnault vient de se déboucher sur la signature d'une transaction pénale, lit-on jeudi dans L'Echo et De Tijd.
    . . . .  "
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-fausse-domiciliation-en-belgique-de-bernard-arnault-a-debouche-sur-une-transaction-penale?id=9640838


    Fallait il faire oublier cette épisode désagréable de la vie du grand Bernard ?

    Cette information figure sur le site web de Chalenges, qui nous recommande surtout les brillants(*) articles :
    - Comment Bernard Arnault a gagné plus de 6 milliards d’euros en une journée
    - Bernard Arnault "plus grand entrepreneur français" selon un sondage des Echos (dont il est propriétaire)
    - Bernard Arnault, un investisseur privé éclectique
    (*) Brillants avec un B comme Brosse à reluire.

    On avait fait une émission de Radio sur le sujet sur cette domiciliation en Belgique : Bernard Arnault : La fuite à Uccle 1180 (Belgique, pays de l'Union Européenne). Le lien
    Vous pouvez la ré écouter, et les photographies vous prouveront qu’on ne laisse rien au hasard.

    Malheur aux contribuables qui boucheront les trous !

    2
    Mercredi 28 Juin 2017 à 16:13

    Et pour préciser. En fait, Bernard Arnault a imposé à la bourse et à ses actionnaires sa propre valorisation pour ses sociétés Dior, Dior Couture et LVMH. Les plus gros actionnaires ne pipent mot, puisque cette valorisation les avantage. Par contre, les actionnaires de LVMH (autres qu'Arnault) vont payer la surprime de valorisation de Dior Couture.

    Il faut lire le rapport des "experts" sur ces valorisations ; ça vaut leur pesant de cacahuettes, notamment lorsqu'ils admettent une valorisation de 6 Mds d'euros pour Dior Couture.

    B. Boussemart

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