• Article 296 - Les promesses Mulliez n'engagent que ce qui les croient ... PSE de 723 personnes

    Bonjour

    Qui a dit que les Mulliez ne licenciaient jamais ? D'après C. Sannat (Insolentiae.com du 11 mars 2019), "Chez Auchan, et "en attendant un retour à l'équilibre fin 2020, la famille s'engage à ne pas toucher de dividendes pour 2018 et à ne pas procéder à des licenciements". C'est un comportement suffisamment rare pour être relevé, et si beaucoup reprochent à la famille Mulliez d'être en Belgique pour des questions de fiscalité (notamment sur les successions) il ne faut pas oublier la force des groupes familiaux qui ne sont pas désincarnés mais qui appartiennent à de vrais gens." ...

    Pas de chance ... Auchan retail vient d'annoncer aujourd'hui (voir actu.fr/economie - article de Hervine Mahaud du 30/04/2019) que face "à d'importantes difficultés économiques, le groupe Auchan a annoncé mardi 30 avril 2019 que 21 sites allaient être cédés. En tout, 723 salariés sont concernés par ce plan".

    Nous avons déjà dit dans nos articles 293 à 295 ce que nous pensions des arguments fallacieux employés par Auchan Retail France pour justifier un coup de balai financier ; et aujourd'hui le nettoyage social. Et ceci, après que le groupe ait bénéficié d'aides importantes de l'Etat, notamment dans le cadre du CICE :

    - entre 2013 et 2018, le groupe Auchan a réalisé un cumul de 2 706 M€ de bénéfice net (y compris en retirant la perte de 2018 pour 946 M€) ;

    - entre 2013 et 2018, le groupe Auchan a versé à ses actionnaires 1 997 M€ de dividendes ; ce qui représente près de 74% des résultats remontant vers la famille - et de plus en plus vers la famille, car le groupe s'est délesté des salariés en rachetant massivement les titres détenus par Valauchan et ValFrance ;

    - entre 2013 et 2018, le groupe Auchan a obtenu un cumul de 522 M€ au titre du CICE ; ce qui représente plus de 26% des dividendes distribué ! Plus d'un euro sur 4 de dividende distribué vient d'une aide de l'Etat. Belle niche fiscale à laquelle Macron ne touche pas ; il va même la doubler cette année (au prétexte de l'année fiscale "blanche").

    Bien entendu, la famille n'a pas été beaucoup affectée par le paiement de l'ISF (une grande partie de la famille est en Belgique) ; et Gérard Mulliez (résident français), toujours à certaines responsabilités au sein du groupe, n'est pas soumis à cet impôt (puisque la fortune "professionnelle" n'était pas prise en compte dans le calcul de l'ISF). Et comme Macron ne revient pas sur l'ISF, le patronat peut dormir sur ses deux oreilles et continuer à exploiter tranquillement les salariés.

    Nous revenons avec André sur tous ces points dans notre émission mensuelle à Radio Campus Lille, sur les bons calculs économiques, demain de 12 à 13 h. Vous aurez également des informations sur le CAC 40, et sur les généreux donateurs à Notre Dame de Paris (Arnault, Bettencourt, Pinault ...). Petit exemple : entre 2006 et 2018, les groupes du CAC 40 ont réalisé 866 milliards d'euros de bénéfice net, et versé à leurs actionnaires 504 milliards d'euros de dividendes. Et le patronat, après les "super" mesures Macron, se plaint encore ? Il avait toutes ces années largement de quoi investir ... Et à quoi il réserve les bénéfices ? Non pas à l'investissement ... Non pas au ruissellement ... Mais à mettre la plus grosse part dans ses poches ... Ces messieurs-dames du CAC 40 prennent l'argent et se tirent ... ailleurs. Et en plus, quand ils investissent, c'est souvent pour délocaliser !!!

    Les Mulliez ne font pas partie du CAC 40, mais ont les mêmes pratiques que Carrefour. Le groupe Carrefour - qui lui appartient au CAC 40 et qui lui a fait des pertes en 2017 et 2018 - a réalisé entre 2006 et 2018 près de 10,8 milliards de résultat net (en pillant le groupe par la ventes de filiales etc) et versé plus de 7,2 milliards de dividendes à ses actionnaires, dont Arnault ... Et comme Auchan, Carrefour licencie encore en 2019 !!!

    Et c'est cette europe capitaliste que Macron veut nous imposer de plus en plus. Dernier petit ajout : il paraît que nous n'avons pas été affecté comme la Grèce par des décisions gouvernementales imposées par l'Europe. Mais la baisse des retraites, l'absence de hausse des salaires ... C'est comme la Grèce. Macron n'a pas hésité à prendre sur les retraités la CSG sans compensation, et à ne pas indexer les retraites sur l'inflation. C'est comme en Grèce, mais en catimini ... Et n'oubliez pas ... L'impact de la non indexation etc ... ça ne revient pas ; car d'année en année, l'éventuelle ré-indexation ne portera que sur des retraites déjà affectées par la non indexation actuelle. Et Macron remet à 2020 et 2021 (même avec quelques aménagements pour faire croire que les braves retraités vont s'y retrouver) cette réindexation. C'est du  bonimenteur ... Et surtout du menteur.

    B. Boussemart


  • Commentaires

    1
    Mardi 30 Avril 2019 à 22:12

    L'émission de Radio Campus enregistrée ce Lundi est déjà en ligne, et on peut l'écouter, la télécharger.

    Le lien : https://www.campuslille.com/index.php/entry/de-l-art-joyeux-des-dividendes-et-du-courseauxdons-les-bons-calculs-economiques

    Elle sera diffusée automatiquement ce 1 Er Mai.

    Bonne écoute,

    André

    2
    Bebert
    Vendredi 17 Mai 2019 à 15:07

    Votre analyse est souvent perspicace mais parfois votre détestation vous fait commettre des erreurs grossières.

    Concernant les dividendes et ce que vous annoncez, ignorez-vous ou faites vous mine d'ignorer que dans le périmètre d'Auchan figure, en Chine, une filiale, Sunart Retail, cotée à la bourse de Hong Kong et dont Auchan possède environ 36% du capital mais consolide le résultat.

    Cette filiale très profitable (c'est le plus gros foyer de bénéfices d'Auchan d'après ce que je crois savoir) a donc pour 64% de son capital des "minoritaires". Cela peut être des sociétés comme Ruentex ou Alibaba ou des actionnaires "flottants" de la bourse.

    Ainsi quand Sunart verse 100 de dividendes, elle paye sa société de consolidation (Auchan) qui ensuite verse aux minoritaires les dividendes auxquels ils ont droit prorata des actions détenues. Rien dans ce jeu d'écritures ne remonte à la famille.

    Votre calcul ("entre 2013 et 2018, le groupe Auchan a versé à ses actionnaires 1 997 M€ de dividendes ; ce qui représente près de 74% des résultats remontant vers la famille") outre qu'avec mes moyens certes plus limités que les votres je ne trouve pas 1997 M€ mais 1862 M€ (sources les rapports du groupe Auchan pour les années concernées), est faux et votre analyse erronnée. Car sur la même période, le versement aux minoritaires chinois a représenté un total de 857 M€ (sources identiques).

    Donc les dividendes disponibles restants qui ont été versés à la famille étaient de 1005 M€ (sources identiques), soit 37% (et non 74%). Soit une moyenne par an entre 2013 et 2018 de 167,5 M€. C'est tout de suite moins glamour, présenté comme cela ...

    Le fait que sur la même période la moyenne des versements aux minoritaires chinois soit de 143 M€ par an démontre la forte dépendance d'Auchan à cette machine à cash qu'est visiblement la Chine. En effet sur 167 M€, 80 M€ viennent de Chine selon une banale règle de 3 (soit 50% du dividende contre une contribution au CA de l'ordre de 25%)

    J'ai cru apercevoir une étrange similiture de vos calculs erronés avec les arguments développés dans Le Monde récemment par des syndicats d'Auchan. Soit ils copient et copier sur un mauvais élève est une bétise, soit vous leur donnez vos chiffres et ils ne les vérifient pas, ce qui est une autre bétise. Ne risquent-ils pas de se ridiculiser lors des discussions quand ils vont rentrer dans le dur ? 

     

    3
    me and my self
    Mercredi 31 Juillet 2019 à 15:38

    Les actionnaires ne se délestent pas des salariés...
    Ils se conforment à leur engagement de liquidités des titres détenus par les salariés ce qui me parait très différent.

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