• Article 301 - La petite "noblesse" du XXIè siècle et leurs cohortes de "serviteurs"

    Bonjour

    Dans un cadre théorique "marxiste", il est assez difficile d'inscrire les "bobos" et leurs pratiques, tout comme ceux qu'ils mettent à contribution via les diverses plateformes d'internet (pour préparer ou faire les courses de la maisonnée, pour se faire livrer des pizzas ou un repas à domicile, pour se faire véhiculer sans avoir recours à un taxi, pour "s'échanger" (peace and love) appartements en villégiature, ou tout autre bien et service. Les exemples ne manquent pas.

    Dans le schéma relatif à la valeur économique de mon dernier ouvrage, comment s'inscrivent ces activités de serviteurs (pour faire plus joli on dit de "service" à la personne) et de maîtres (au sens de la petite noblesse de l'ancien régime). Mais oui, les bobos font bien partie d'une petite noblesse, laquelle utilise avec ses revenus et entretient une cohorte de serviteurs divers qui en dépendent pour leurs revenus. Le schéma s'est un peu modifié avec "internet" et les plate-formes" de soit-disant "mise en relation" des uns et des autres. Mais capitalisme du XXIème siècle oblige, il faut en passer par le web pour que cette petite "noblesse" exploite une masse de gueux qui n'ont d'autres revenus que de vendre leurs muscles (il faut pédaler, marcher, voiturer ...) pour leur plus grand plaisir.

    Qu'il est en effet "jouissif" de se faire livrer un repas par des gueux, pendant que vous écoutez ou dansez sur le dernier air connu ! Avec en prime la "bonne" conscience de "donner un travail, un revenu" à ce gueux qui vous livre. Avec cela, ce gueux va pouvoir poursuivre ses études (n'est-ce pas Macron ?), et c'est bien l'essentiel ... de ce point de vue. Car il me semblait que l'accès aux études devait être, sinon gratuit, du moins accessible à tous. En tout état de cause, deux points méritent d'être soulignés.

    D'un point de vue de "classe" si j'ose dire, ces gueux se considèrent comme des "auto-entrepreneurs". Mais ils font face à des plate-formes captialistes internationalisées qui les exploitent. Ils commencent certes à avoir une "conscience de classe". Mais tant qu'ils privilégieront leur statut d'auto-entrepreneurs, tant pis. Ils n'ont qu'à se "débrouiller", par exemple, en fondant une multinationale des "vendeurs de muscles" ... afin de négocier avec les multinationales du web. C'est pas demain la veille.

    D'une point de vue de la valeur. Tous ces "serviteurs" ne créent aucune valeur ... Par exemple, le repas est le même avant et après avoir été livré (et il en va de même pour la plupart des "services" internet, même ceux qui vous font "gagner" sur vos dépenses). L'homme aux "écus" (le bobo") n'a fait que donner une partie de ses "écus" au gueux qui a livré son repas (en fait, au gueux et à la plate-forme capitaliste qui exploite le gueux). Donc, aucune création de valeur. Même si le PIB enregistre cette activité comme "productive". Là est  une autre limite de l'impérialisme mondial actuel. Faire redistribuer par la "petite bourgeoisie" (i.e. cette petite noblesse) une partie de leurs revenus afin de modérer les revendications des gueux. Sans toucher à la plus-value et aux profits des groupes capitalistes mondialisés.

    C'est la seule attitude de classe à adopter face à ces mouvements "uber" et compagnie.

    B. Boussemart


  • Commentaires

    1
    Rupicapra
    Mardi 3 Septembre 2019 à 11:21

    La livraison constitue un service, donc apporte de la valeur, même si elle reste objectivement faible. Dire que le repas est le même avant et après livraison, c'est comme dire que les aliments sont les mêmes avant et après préparation du repas. La préparation et la cuisson des aliments est un service qui crée de la valeur pour celui qui l'achète, même si par rapport au produit frais, il n'y a pas création de nutriments supplémentaires lors de cette opération...

    Le problème des petits boulots de "serviteurs", comme vous les nommez, est qu'ils créent une valeur faible, oui. Mais ce n'est pas une valeur nulle. Sachons garder le sens de la mesure.

    2
    Mardi 3 Septembre 2019 à 12:52

    Bonjour

    D'une manière générale, ce type de service ne crée aucune valeur. C'est pour cela que la circulation des marchandises chez Marx n'est pas considérée apporter une valeur quelconque ; en revanche, elle prélève sur la plus-value sociale globale du monde productif qui crée de nouvelles richesses. Vous confondez utilité et valeur. Le service peut être utile ; quoique j'en doute dans l'exemple choisi. La livraison n'est pas une préparation ni une cuisson du repas. Avant et après la livraison, la pizza est la même.

    Donc, ces petits boulots ne créent aucune valeur. C'est comme si tous les "serviteurs" se ciraient mutuellement leurs pompes. Leurs chaussures brilleraient peut-être plus, elles dureraient un peu plus longtemps car mieux entretenues. Mais il n'y a aucune chaussure supplémentaire avant et après le cirage de pompes. Et ceci vaut également pour toutes les catégories de "cirages de pompes" !

    B. Boussemart

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