• Art. 43. La famille Mulliez au Benelux : 4,2 milliards d'euros d'informations absentes ou tronquées.

     

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    Pour répondre à Saint Liévin, voici la photo de l’oiseau (merci à notre correspondant local, à qui l’on doit ce cliché). Le Rouge-Gorge d’Auchan est un peu déplumé ; mais bon, depuis que Cannelle est devenue Rouge-Gorge Lingerie (sous contrôle direct de l’AFM, et non plus de Phildar), les plumes ont dû être partagées entre tous les oiseaux du groupe Mulliez.

     

    Nous en profitons pour faire le point des sociétés « Benelux » du groupe Mulliez. Ces sociétés sont nombreuses ; elles ont pratiquement toutes publiées leurs comptes en 2009. Comme nous l’expliquons dans notre prochain ouvrage actuellement à l’impression « Les grandes fortunes, les banquiers et les politiciens », la famille Mulliez en prend cependant à son aise avec la « transparence financière » mise à la mode depuis la crise. De fait, pour les sociétés les plus importantes (quelques milliards d’euros au total), les comptes n’ont toujours pas été publiés en ce début octobre ; surtout, les comptes publiés sont dans la majeure des cas « tronqués », c'est-à-dire qu’ils ne donnent aucune indication sur les filiales contrôlées, les enjeux financiers etc.

    Il faut dire que la famille Mulliez n’est pas la seule en cause. Ainsi, Monsieur Bernard Arnault n’a toujours pas publié les comptes 2009 de son holding personnel (Groupe Arnault SAS), pas plus que les comptes des filiales impliquées dans le rachat de sa participation dans Carrefour (sociétés belges comme luxembourgeoises) ; nous compatissons : il faut dire que  le brillant stratège de la finance s’est pris une « déculottée » depuis 2008. Et dire qu’il y a des idiots de spéculateurs qui achètent en ce moment des titres Carrefour … pour ne pas dire « Carre-foiré » !!! Sans savoir ( ?) que la prochaine crise va les « ratiboiser » ; c’est beau, la confiance dans le capitalisme de spéculation, surtout lorsque vous êtes incité par les banques à faire de « bons placements » (on a déjà vu avec Fortis). Mais puisqu’on vous dit que c’est pour vos futures retraites. Allez demander aux américains qui ont tout perdu (retraites comprises) avec la crise des subprimes.

    Il faut dire que notre Président fait tout pour que l’on substitue la retraite par répartition par la retraite par capitalisation. Même son frère s’y est mis : Guillaume Sarkozy Nagy de Bosca (voir le Canard Enchaîné du 22 septembre 2010 – page 5) dirige la société Malakoff Médéric Assurances (935 M€ de titres de participations, dont des maisons de retraite via la participation dans Korian et l’épargne pour la retraite individuelle via Médéric Epargne !), contrôlée par le Groupe Paritaire de Prévoyance « Federis Prévoyance » (le Medef y étant bien représenté). Donc : défilés pour les syndicats ; et capitalisation pour la famille présidentielle. Passer de la direction du Medef textile (Union des Industries Textiles) à l’activité d’assurances privées n’a pas été un problème majeur de reconversion. Il n’en a pas été de même pour les ouvriers du « Tissage de Picardie » (société définitivement radiée le 12 juillet 2010) !!! Et en plus, la direction de Malakoff Médéric donne un fauteuil au conseil de surveillance de la Société Editrice du Monde, du journal « Le Monde ». Que demander de plus ? Mais comme diraient les « éditorialistes autoproclamés des médias », encore de l’anti-Sarkozisme primaire.

    Avec les maisons de retraite, nous retrouvons nos moutons « Mulliez », qui gèrent également le groupe Maisons de Famille. Pour donner une petite idée de l’écart qui reste à combler entre Korian (3ème groupe français dans ce domaine) et le groupe Maisons de Famille (13ème position), Korian dispose de 10 106 lits en France et 5 943 lits à l’étranger, contre 1 094 lits en France et 1 245 lits à l’étranger (désengagement de Seniors-Assist Belgique vers l’Italie) pour Maisons de Famille.

    Nos moutons toujours. Au Benelux, la famille dispose de 151 sociétés (c’est un minimum). Parmi ces sociétés, il faut donc distinguer celles qui ne publient pas leurs comptes en 2009 (voire en 2008 ou jamais) ; celles qui ne publient que des comptes tronqués ; et celles qui publient effectivement des informations « normées » (essentiellement les « holdings de contrôle, avec certaines exceptions »).

    Une série de tableaux va nous permettre de comprendre les enjeux.

     

    Les enjeux de la « non publication ».

     

    Sociétés concernées …

    (données en K€)

    Nombre de sociétés

    Valeur des …

    Participations

    Capitaux Propres

    Dettes internes

    En Belgique

    Aux Pays-Bas et Luxembourg

    47

    8

    3 324 726

    865 674

    2 323 405

    914 504

    934 101

    184 340

    Total familial absent/tronqués

    55

    4 190 400

    3 237 909

    1 118 441

    En Belgique

    Aux Pays-Bas et Luxembourg

    49

    31

    1 754 410

    8 216 018

    2 694 173

    7 815 111

    303 633

    1 145 249

    Total holdings de contrôle *

    80

    9 970 428

    10 509 284

    1 448 882

    En Belgique – autres

    16

    5 976

    7 412

    2 187

    TOTAL GENERAL

    151

    14 166 804

    13 754 605

    2 569 510

    * Les holdings de contrôle sont moins significatifs, car à ce niveau, les cascades de holdings d’une même société peuvent se cumuler au niveau des valeurs. Subsiste cependant l’importance des valeurs en jeu, y compris dans ce dernier cas. Il n’y a rien de tel au niveau des sociétés familiales.

     

    Le tableau ci-dessus montre à l’évidence les enjeux : ne pas publier les informations ou des informations notoirement incomplètes, c’est empêcher de se faire une idée de l’accumulation du capital dans certaines composantes familiales. Coup double : en même temps, les informations sur les holdings AFM ne sont pas publiées.

     

    Ces informations absentes ou tronquées comptent pour près de 4,2 milliards d’euros. Aux Pays-Bas, sauf rares exceptions, qu’il s’agisse des sociétés familiales ou des sociétés holdings, la famille Mulliez publie uniquement la valeur des participations ; aucune information n’est donnée sur les sociétés concernées par les participations (ni leur nom, et encore moins la valeur détaillée des titres, et les principaux résultats : fonds propres, chiffre d’affaires et résultat).

    Au Luxembourg, il en va de même ; la société « Association Familiale d’Investisseurs Responsables » dite Afir Holding Management Company se paie même le luxe d’indiquer « L’indication du détail des participations prévu par l’article 65 (1) 2° de la loi du 19 décembre 2002, concernant le registre de commerce  et des sociétés ainsi que la comptabilité et les comptes annuels des entreprises , a été omise en application de l’article 67 (1) b, puisqu’elle est de nature à porter gravement préjudice aux sociétés détenues » (page 5 du rapport sur les comptes 2009). On croît rêver : dire que la principale participation de la composante Michel Leclercq (fils de Xavier Leclercq, ayant épousé Jeanne Mulliez, 6ème enfant du couple Louis Mulliez-Lestienne), fondateur de Décathlon, en association avec l’AFM, serait menacée par la publication d’informations sur les sociétés détenues (Décathlon, Oxydev, Sogefir, Oxypar, Geophile, …). Ces sociétés sont d’ailleurs souvent contrôlées avec l’AFM ; ce qui a donné lieu, notamment pour Oxydev, l’une des deux pépinières Mulliez, à des partages délicats des « pousses », entre l’AFM et Michel Leclercq. A cet égard, les prétendues « nouvelles » informations de Tintin breton étaient déjà contenues dans notre ouvrage sur « La richesse des Mulliez » (pages 512 à 516) ; et la seule actualisation est fausse. La société « Geophyle » (avec un « y ») n’est pas la société qui regroupe les participations de la pépinière de la famille Leclercq ; Geophyle est l’ex-société française « Mediafir » (le nom a été changé en août 2010) ; elle est elle-même la filiale à 98,34% de la société belge Geophile (avec un « i »), laquelle regroupe pour le compte d’Afir Holding les principales filiales de « diversification » de la famille Leclercq ; en fait la diversification consiste, comme déjà analysé dans notre ouvrage, à occuper tout le terrain du « sport », et pas seulement la distribution d’articles de sport. Le capital de Geophile (en Belgique) est passé de 26,2 M€ en 2008 à 45,942 M€ en 2009, puis à 53,697 M€ en 2010 (avec des apports en nature – Geophile regroupe les filiales qui figuraient avant chez Oxydev ou Sogefir, partie Leclercq – ou en espèces). Geophile a d’ailleurs réalisé en 2010 les coups d’accordéon sur le capital de Mediafir (qui devient Geophyle), afin d’apurer les pertes antérieures.

    Il en va de même pour les informations sur Creadev. Creadev n’est pas la société qui coiffe la pépinière de l’AFM ; et Bertrand de Talhouët ne dirige donc pas la diversification Mulliez, qui est bien plus vaste. Petit exemple qui concerne la Belgique. L’AFM a créé deux sociétés en Belgique, I.D.C.B., qui contrôle à 99,99% Bioparticipations, laquelle contrôlant fin 2009 la société française AB Science à hauteur de 11,8%. Le capital de I.D.C.B. est de 79,35 M€ fin 2009, après un apport de sa société mère, Montavest, qui est un investissement de l’AFM aux Pays-Bas. Beaucoup plus instructif, on trouve dans le capital d’AB Science non seulement la famille Mulliez, mais également Jean-Charles Naouri (groupe Casino, pour faire simple – voir notre prochain ouvrage), et les familles fondatrices de Carrefour et Promodès : la grande distribution capitaliste au complet ! Les grandes manœuvres autour du capital d’AB Science ont continué en 2010, avec la mise sur le marché Euronext d’une partie des titres des actionnaires de référence, assortie d’une augmentation de capital.

    S’agissant de Creadev, il y a lieu de distinguer deux sociétés depuis fin 2009 : Creadev, la société « historique » (qui dispose fin 2008 de 56,4 M€ de fonds propres – les comptes 2009 ne sont pas encore publiés – à comparer aux montants des capitaux chez I.D.C.B.), et la nouvelle filiale Creadev Investissements, qui dépend directement d’une filiale de l’AFM.

    Autre point qui prête à confusion chez notre Tintin breton, la distinction entre Voltalis (avec un « s »), et Voltalia (avec un « a »).

    Voltalis est effectivement une société commune créée par Creadev et Sellenium (groupe Coisne et Lambert – où l’AFM détient une participation). Voltalis (qui avait fusionné avec Moma Innovations) a fait l’objet d’une augmentation de capital en 2010 de 9 M€ et a pour objet d’installer des parcs de terminaux sur les sites de consommation afin de piloter la consommation d’électricité.

    Voltalia n’est pas contrôlée par Creadev, mais par une autre société de l’AFM, Holinall, dont la filiale Voltalia Investissement (43,13 M€ de capital) contrôle 62,5% du capital de Voltalia, où l’on retrouve Bertrand de Talhouët comme administrateur. Cette dernière société produit de l’électricité à partir de la biomasse, de l’éolien, du solaire et de petites centrales hydrauliques, en France (y compris la Guyane), en Turquie et en Grèce.

    Il faut donc se méfier de ce que l’on trouve sous la terminologie « Creadev » ; il y a au minimum trois sociétés françaises ; et la famille Mulliez investit en outre en Belgique. Même confusion avec Geophile et Geophyle !

     

    B. Boussemart

     

     


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