• Article 13. Messieurs Mulliez & Maurice se préparent à distribuer les supers dividendes des salariés Pimkie et Xanaka licenciés (en attendant ...)

    En pleine période de Noël, tous les médias (Le Figaro.fr, La Voix Eco.com, Daily-Bourse.fr …le 23 décembre ; FR3 Nord-Pas-de-Calais et TF1 le 24 décembre) se font l’écho d’une grève lancée par les salariés de l’enseigne Pimkie, sur qui pèsent 190 licenciements.

    Etrangement, aucun chiffre ne transpire sur cette affaire. Licencier suppose des pertes, des menaces sur l’entreprise. Surtout dans une famille pour qui « il faut faire passer l’homme avant le fric ».
    En attendant, « l’homme et la femme Pimkie » vont passer la nuit de Noël dans le froid, pendant que la famille ira se recueillir devant la crèche de Bondues ou de Croix, avant de réveillonner. Inutile de réveiller Dickens ; il est bien présent en plein XXIème siècle.
    Revenons à quelques chiffres.

    Les comptes publiés par Diramode (maison mère de Pimkie) font apparaître un cumul de 52 905 K€ de bénéfices sur les 5 derniers exercices ; soit une moyenne de 10,6 millions d’euros de bénéfices par an. Vous ne rêvez pas ! Pimkie fait des bénéfices. En 2008, le bénéfice net de Diramode est de 10,9 millions d’euros. Probable que ce n’est pas encore assez pour la famille Mulliez, qui il est vrai, applique avant tout son adage favori : « il faut faire passer l’homme avant le fric ». Nous en avons ici une nouvelle preuve.
    Et encore, ceci n’est rien. Dans le cadre des restructurations en cours dans le groupe Mulliez, la maison mère de Diramode, qui était bicéphale (c'est-à-dire détenue à la fois par deux holdings : un holding français – Optext, et un holding hollandais – Fashion Shop International – FSI), a été simplifiée. Tous les titres « Diramode » possédés par l’AFM via Optext ont été cédés à FSI : plus-value encaissée par la famille Mulliez au passage : 47 millions d’euros ; distribués dès le 18 décembre 2008 à hauteur de 45 millions d’euros, en tant qu’acompte sur dividende. Et pour mieux occulter le tout, Optext a changé de nom, pour devenir « Crehol » ; inutile d’aller chercher sur le greffe la société Optext.

    Mais alors, la société Diramode, possédée en totalité maintenant par FSI, se porte t-elle mal ? Un petit détour est nécessaire. Par des holdings … hollandais.
    En effet, depuis l’exercice 2003-04 (voir notre ouvrage pages 466 et suivantes) il existe un groupe Oosterdam/Kibe, qui contrôle l’ensemble des enseignes Pimkie, Xanaka et Orsay (Orsay étant implantée en Allemagne et dans les pays d’Europe de l’Est). Ce groupe génère bon an mal an plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires ; et depuis 2003-04, a réalisé un cumul de 202 millions d’euros de bénéfices. La seule année déficitaire a été l’année 2007, avec une petite perte inférieure à 5 millions d’euros, liée à des coûts de restructuration en … Allemagne. Rien à voir avec la France (voir ci-dessus : en 2007, Diramode a réalisé 16,9 millions d’euros de bénéfices).

    En 2008 : silence radio. Aucun compte n’a été publié pour Oosterdam, le holding qui contrôle FSI (Pimkie), MHV (Orsay) et Promogest (Xanaka). Aucun compte n’a été publié sur Woelsewaard, holding qui contrôle Oosterdam. Le véritable contrôle de Pimkie/Orsay/Xanaka, c’est Woelsewaard. A mi-décembre 2009, les comptes de 2008 n’ont pas encore été publiés, ni pour Oosterdam, ni pour Woelsewaard. Encore un effort de transparence de la part de l’AFM.
    Toujours est-il qu’en 2007, la situation consolidée (toutes sociétés confondues) d’Oosterdam était particulièrement critique (sic) !!! Qu’on en juge : 633 millions d’euros de fonds propres pour 34 millions de dettes financières au total, et 258 millions d’euros de liquidités (du cash comme l’aime l’AFM) ! De qui se moque l’AFM lorsqu’elle annonce 190 licenciements chez Diramode, après avoir licencié 62 autres personnes chez Xanaka ? Où sont les périls financiers ?

    La situation avait-t-elle changé en 2008 ? Mais alors, publiez les comptes d’Oosterdam et de Woelsewaard, Messieurs de l’AFM ; avec toute la transparence que vous préconisez … chez les autres. Nous pouvons vous aider un peu, puisque les comptes sociaux 2008 de FSI, MHV et Promogest ont été publiés :
    - Pour FSI, 423 millions d’euros de fonds propres, pour 8 millions d’euros de dettes financières et 20 millions de liquidités … Incroyable : pratiquement pas de dettes ; des liquidités bien supérieures à ces dettes, et pratiquement que des fonds propres. Rappelons que FSI est le holding qui contrôle tous les « Pimkie », en France comme à l’international !
    - Pour MHV, 413 millions d’euros de fonds propres, moins de 2 millions d’euros de dettes financières et près de 58 millions d’euros de liquidités. Là encore, où sont les risques de faillite ?
    - Pour Promogest, près de 62 millions d’euros de fonds propres, pour moins de 1 millions d’euros de dettes financières et près de 2 millions d’euros de liquidités.
    En d’autres termes, la situation en 2008 n’était pas bonne, elle était excellente pour toutes les sociétés du groupe, y compris Xanaka (cf Promogest ci-dessus).

    Nul doute que la situation en 2009 doit s’être particulièrement aggravée, pour en arriver à licencier 62 + 190 personnes chez Xanaka et Pimkie !
    En fait, et sans être devin, c’est M. Maurice et l’AFM qui nous donnent la réponse à cette question. Monsieur Maurice (qui vient de Camaïeu – voir notre article 10) a de grosses ambitions pour le groupe Woelsewaard et … le groupe Phildar. Et l’Association Familiale Mulliez, en la personne de son Président Thierry Mulliez, lui donne le feu vert. Comme les trois singes bien connus, l’AFM ne voit rien, n’entend rien et ne parle pas. Sauf qu’en l’occurrence, elle sait tout, et organise tout.

    Petit scoop … Ce n’est pas notre habitude. Ainsi, n’avons-nous parlé ni des mouvements chez Cultura, ni des mouvements chez Xanaka … Parce qu’il n’y avait rien de tangible (par exemple, Xanaka n’a pas publié ses comptes 2008, et Cultura n’a publié aucune information, et encore moins de comptes, depuis sa création). Mieux vaut ne pas parler que de … Bref.
    Scoop donc, messieurs de la Presse. Le 3 décembre 2009, la société néerlandaise Woelsewaard a créé en France une SAS – la Société Sopardam – dont le Président est M. Thierry Mulliez. Ce type de société nous est bien connu (voir notre ouvrage pages 127-128, les sociétés stock-options). Que disent ses statuts :
    Article 7.2 : « Le capital social est composé de deux catégories d’actions.
    - les actions de catégorie A dont la souscription et la détention sont réservées aux personnes agréées par le Président pour cette catégorie spécifique d’actions. …
    - les actions de catégorie S dont la souscription et la détention sont réservées à des salariés ou à des mandataires sociaux ou à des membres des conseils d’administration et de surveillance … des sociétés :
    . FASHION SHOP INTERNATIONAL, société de droit néerlandais … (ayant) le numéro 301 02 434
    . PROMOGEST, société de droit néerlandais … (ayant) le numéro 341 25 907 ;
    . MHV …, société de droit néerlandais … (ayant) le numéro 330 01 391 ;
    . MODEMA SAS … (société française, ex société Optimea, ayant comme RC) 433 569 076 ;
    . MUFIL SAS …, (société française, ayant comme RC) 439 529 314. »
    Traduction : la société Sopardam a un capital de 500 000 €uros, devant passer à 5 millions d’euros. Les salariés de Diramode seront heureux d’apprendre, comme ceux de Xanaka et bientôt ceux de Phildar, ou de Cannelle, ou de Grain de Malice, que M. Maurice et l’AFM ont déjà prévu – avant même que la restructuration de l’ensemble de ces sociétés soit annoncée – de remercier les salariés zélés des sociétés contrôlées par Woelsewaard ou par Mufil, et surtout les mandataires sociaux ou les membres des conseils d’administration (qui appartiennent souvent à la famille Mulliez) de ces mêmes sociétés, par des distribution d’actions. Que ces heureux bénéficiaires pourront souscrire jusqu’à 5 millions d’euros de titres (en valeur nominale).
    Mufil est en effet une société de contrôle de Phildar (Mufil est l’équivalent « Phildar », d’Optext pour « Diramode »), et Phildar contrôle Cannelle et l’expansion de Grain de Malice (voir la restructuration de Xanaka).

    L’AFM et M. Maurice ont donc comme objectif minimum de coordonner cet ensemble d’enseignes, sinon la création de Sopardam n’a aucun sens. Et ce sens est donné par le capital déjà investi (500 000 €) dans la société, et le capital statutaire (5 millions d’€). Tout le monde le sait, « un sou est un sou ». Et 5 millions d’€, ça correspond à quelque chose. Pour mémoire, Soparorsay (pour Orsay), comme Soparki (pour Kibé), n’avaient chacune qu’un capital statutaire de 100 000 €, et Soparxanaka (pour Xanaka) qu’un capital de ...  1 000 €. Chercher l’erreur.
    En d’autres termes, la "récompense AFM" a déjà sa société. Reste à accroître rapidement les bénéfices, que l’AFM « estime » insuffisants : M. Thierry Mulliez, présent au World Forum de Lille, a-t-il écouté les paroles de M. Gérard Mulliez : « il faut faire passer l’homme avant le fric » ? Ou faisait-il comme les "3 singes" ?

    En tout état de cause, comme le montrent les informations financières publiées ici, les licenciements n’ont aucun objet, pas plus économique que financier. Il s’agit bien de faire de plus en plus de « fric ».

    Et de ce point de vue, il ne faut pas tomber dans le piège tendu par la famille. Vouloir aussi « un peu de fric » pour se faire licencier, c’est une bêtise sans nom. Quand bien même l’AFM et M. Maurice consentiraient à donner 100 000 euros de prime par personne, ça ne leur coûterait pas cher. Il suffit de faire le calcul. Pour quelques salariés et quelques actionnaires, déjà 5 millions d’euros de prévus dans Sopardam. Pour 190 licenciements, avec 100 000 euros par salariés, 19 millions d’euros. La seule plus-value réalisée le 18 décembre 2008 sur la cession d’une partie des titres de Diramode a rapporté 47 millions d’euros à l’AFM. Alors qu’une fois licencié, le salarié de Diramode retrouve quoi, comme travail dans sa région ? Il ira chez Auchan, qui réduit ses effectifs (caissières …) ?

    Ce qui est inadmissible, pour quelqu’un qui se refuse à « faire passer l’homme avant le fric », c’est un seul licenciement ; quand l’entreprise est déjà largement rentable.

    Des actes, MM Maurice et consorts, du groupe Woelsewaard/Mufil. Appliquez la déontologie « Mulliez » !!! Ou celle-ci ne serait elle qu’une vaste plaisanterie à destination de tous les médias cités en ce début d’article ?

     Benoît BOUSSEMART

     


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  • Commentaires

    1
    BOCQUET Alain
    Vendredi 25 Décembre 2009 à 07:35

    Cher Monsieur Boussemart,
    J'ai lu avec  interet  les éléments d'informations sur PIMKIE.Je ne manquerai pas de m'en inspirer dans mes démarches parlementaires.
    Au plaisr de vous rencontrer.
    Bon Noel!
    Alain Bocquet

    2
    Patrice Bardet
    Samedi 26 Décembre 2009 à 09:13
    (re) bonjour,

    j'ai mis votre article en commentaire sur le forum de France3, suite au reportage fait hier;
    http://nord-pas-de-calais-picardie.france3.fr/info/nord-pas-de-calais/Pimkie-en-gr%C3%A8ve-59860820.html

    en leur demandant de prendre en compte vos informations

    bon noël
    Patrice
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