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Article 32 : l'AFM veut-elle mettre Pimkie en faillite ?
Chose promise, chose due. Nous avons enfin obtenu les comptes consolidés 2008 d’Oosterdam BV. Vous savez, le holding néerlandais qui coiffe Pimkie, Orsay et Xanaka.
Bien des interrogations subsistaient après les licenciements pratiqués chez Xanaka France (62 personnes) et Diramode (190 personnes). Nous avions déjà mis en évidence (voir article 13) les 45 millions d’euros de dividende sur la plus-value de 47 M€ réalisée par la famille Mulliez lorsque le contrôle de Diramode est passé d’Optext à FSI, filiale d’Oosterdam. Première confirmation dans les comptes publiés d’Oosterdam : en 2008, « au cours de l’exercice, le groupe a acquis des parts restants dans la société Diramode dont elle avait déjà le contrôle. L’écart entre le coût d’acquisition des participations et la quote-part du groupe dans les capitaux propres a été imputé sur les réserves consolidées ; montant payé : 103 393 K€ - partie des fonds propres acquis : 58 657 = 44 736 K€ » (page29), somme qui correspond à la baisse des fonds propres (le dividende sur plus-value de la famille Mulliez indiqué ci-dessus, arrondi à 45 M€). C’est la première ponction faite par la famille Mulliez sur le groupe Pimkie, Orsay et Xanaka, qui, il faut le rappeler, supporte 252 licenciements parce qu’il se porte mal.
Ces 45 M€ de dividendes par prélèvement sur les fonds propres n’ont pas suffit à la famille. Ils ont ajouté 90 052 K€ de dividende au sens strict cette même année 2008.
En 2008, la famille Mulliez a donc prélevé 135 M€ de fonds propres sur le groupe Oosterdam. Ces fonds propres passent d’ailleurs de 573 à 429 M€ dans le holding.
Après avoir fait de ce groupe sa « vache à lait » pendant une décennie (voir les dividendes des années antérieures), l’AFM a fait payer aux salariés ses propres impérities. En licenciant sans motif économique 252 personnes !
Nous espérons que tous les dirigeants ont été largement récompensés de cette performance, qu’il s’agisse de Monsieur Richard Maurice, de Monsieur Vandendriessche, des DRH concernés (RH veut dire « ressources humaines » pour les béotiens de service, si le terme « humaines » a un sens dans ce cas), et bien évidemment des actionnaires aux « manettes occultes ».
Une véritable interrogation subsiste, au regard des données consolidées publiées :
- le chiffre d’affaires consolidé du groupe n’a pas diminué : 1,054 milliard d’euros en 2008, contre 1,04 milliard en 2007 ; pour la France, 278 M€ en 2008, contre 277 M€ en 2007 (les pays qui ont supporté un fort recul de CA sont l’Allemagne, avec pour ces deux dates 2008 et 2007 respectivement 313 et 331 M€, et l’Espagne, 87 et 99 M€).
- l’excédent brut d’exploitation a progressé de près de 7 M€ entre 2007 et 2008, passant de 49,4 M€ à 56,37 M€ ;
- la capacité d’autofinancement (hors impôts sur les sociétés) a progressé de plus de 10 M€, passant de 67,3 M€ en 2007 à 77,6 M€ en 2008 ;
- le résultat net est encore en perte, à - 2,3 M€, contre - 4,7 M€ en 2007.
Cette perte est ridicule ; le point fondamental est la capacité d’autofinancement. Car en 2007, la perte est réalisée après 12,4 millions de plus-values de cessions, alors qu’en 2008, la perte intègre 0,3 M€ de moins-values de cessions.
L’année 2008 montrait donc des signes très encourageants, après les restructurations.
La France enregistrait un bénéfice net de 10,9 M€ pour Diramode en 2008 (impossible de fournir une indication sur le résultat de PPP, la filiale de Diramode qui s’occupe des magasins : Diramode n’a pas publié la liste détaillée officielle de ses filiales – liste pourtant annoncée – dans ses comptes 2008) ; et un bénéfice de 0,994 M€ pour Xanaka France (contre une perte de 2,2 M€ en 2007, et avec pour cette société un chiffre d’affaires qui passe de 100 M€ en 2007 à 112 M€ en 2008). Mais ce doit être cela le motif des licenciements !?
Au niveau financier, après les 135 M€ de ponctions sur les fonds propres du groupe par la famille Mulliez, il reste encore 431 M€ de fonds propres consolidés, ayant pour contrepartie 183 M€ de liquidités nettes et seulement 19 M€ de dettes financières à long et moyen terme.
En d’autres termes, le groupe dispose de tous les moyens financiers nécessaires pour engager une véritable politique d’expansion de ses magasins, afin de reprendre des parts de marché comme le font tous ses concurrents (qui ne progressent que par les ouvertures de magasins), qu’il s’agisse de H&M, Inditex-Zara, Camaïeu, Promod, … Dire le contraire est un mensonge éhonté.
Il est donc permis de se demander si l’AFM ne veut pas saborder sciemment le groupe Pimkie. En le vidant de toute sa substance financière, comme c’est le cas depuis de nombreuses années : il y avait 645 M€ de fonds propres chez Oosterdam fin 2006 ; il n’en reste que 431 M€ fin 2008 ; il y avait 249 M€ de liquidités nettes (y compris en éliminant les dettes financières à long terme) en 2006 ; il ne reste que 164 M€ fin 2008.
B. Boussemart
Tags : propres, 2007, groupe, fonds
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