• Bonjour

    Les prestations de Macron (manches relevées, affrontant son public, connaissant ses dossiers ... bref jupitérien se mettant au niveau de la plèbe ... ) me rappellent (sous certains aspects formels, je vous rassure) certaines de mes interventions en faveur des salariés (et pas des patrons) à qui je voulais éviter à tous prix leurs licenciements, face à des directions pressées ... d'aller chasser le week-end en bonne compagnie (dans les Hauts de France)

    Petite histoire. il était une fois un patron qui voulait licencier des salariés qui produisaient des emballages (de diverses sortes) pour la grande distribution, et notamment des filets destinés à emballer des pommes de terre (nous sommes dans les Hauts de France). Les salariés souhaitant se défendre, voulaient savoir s'il y avait un motif économique aux licenciements. Je vous parle d'un temps, ... avant Hollande et El Khomri et encore davantage avant la nouvelle loi travail qui ne permet plus ce type de protection des salariés (Macron : tout pour les patrons). Pendant la réunion qui devait donner un avis, mon intervention a donc consisté à prouver qu'il n'y avait pas de réel motif économique. Comme j'avais été averti par les salariés que ces "braves" patrons avaient une urgence (aller chasser le week-end avec les amis de leurs amis ...), j'ai donc accordé une particuière attention à mon exposé qui a duré ... 3 heures (le temps que je fasse un cours sur la pomme de terre, sur les prix, sur la conjoncture à l'époque, sur les pratiques de la grande distribution quant aux emballages, sur les productions de pommes de terre et les échanges européens et mondiaux qui impactaient la France ...). Bref ... au bout de 3 heures, les patrons ont abandonné la partie, préférant la chasse à la négociation, mais se trouvant dans l'obligation par la suite de proposer un véritable calendrier de négociations, avec des points à l'ordre du jour qui permettaient aux salariés de défendre leurs intérêts. Mission réussie. Rappelons que nous étions à un temps que les  ... Avec des salariés satisfaits en définitive de leur défense, avocats intervenant à l'appui.

    Tout ceci pour dire que les prestations de Macron n'ont rien d'exceptionnel. Les journalistes qui sont bouche ... bée montrent bien leur niveau de soumission à la presse macronienne, ou/et leur incompétence. Je leur laisse le choix.

    Surtout, ces prestations ne sont faites que pour amuser la plèbe ... et montrer le caractère jupitérien d'un Macron dont les prestations orales n'ont rien d'exceptionnel ... pas davantage que celles de votre serviteur sur les pommes de terre. Je peux vous tenir un discours à la "Macron" quand vous voulez, où vous voulez. C'est ce qu'on apprend notamment à l'ENA, où j'ai également réalisé des interventions pour des séminaires ; également à l'ENA international (mais oui, ça existait - je ne sais pas si cette particularité a été maintenue pour les étudiants étrangers), et dans les ERA (Ecoles Régionales d'Administration où j'ai également enseigné).

    Bref ... Du baratin pour ne pas parler de l'essentiel. C'est quoi, l'essentiel dont ne veut pas parler Macron ?

    - le pouvoir d'achat. Pas question d'augmenter le SMIC ; pas question de revenir sur la SCG imposée aux retraités ; pas question de revenir sur la fin de l'indexation des retraites sur l'inflation (alors que les prix vont exploser avec la réforme macronienne qui est soit-disant en faveur des paysans, mais en fait favorable à l'agro-alimentaire - merci Mrs Besnier et Bigard, Bigard fils député de la République en Marche et participant à la commission de la transparence, transparence qui s'arrête aux comptes de la Société Financière Bigard qui n'a publié - malgré l'obligation légale - aucun compte depuis fin 2008). ... Bref, les intérêts financiers des groupes mondialisés sont bien défendus par Macron.

    - les mesures fiscales. Pas question de revenir sur l'ISF. Pas question de revenir sur le CICE qui va être directement intégré à la baisse des charges des groupes (ce sont les groupes qui en profitent le plus, nous allons le prouver bientôt, à coups de milliards d'euros en leur faveur, sans réel impact sur l'emploi -voir le cas LVMH, pour l'autre type de baratin de nos grands dirigeants d'entreprises). Et pourtant, éliminer ces cadeaux sans contrepartie véritable en faveur de l'emploi donnerait de l'air aux finances publiques, ce qui veut dire en d'autres termes que les classes moyennes "vaches à lait" du macronisme seraient un peu soulagées.

    - les mesures institutionnelles. Que du baratin. Le RIC dans le cadre de la Vème république est une vaste plaisanterie. Il faut donc bouger la constitution, et notamment les pouvoirs respectifs du président et des chambres formant le parlement. Mais là aussi, que de la "dentelle" à la mode macronienne ... sans impact sur la capacité de nuisance de ces pouvoirs (voir le débat actuel sur les armes à disposition des forces de l'ordre pendant les manifestations, et sur le droit de manifester).

    Bret ... De l'enfumage ... Mais pas que ... Voir les forces politiques de droite qui y participent, très discrètement. Ce qui en dit long sur Macron ... Mais on le savait déjà !

    B. Boussemart


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  • Bonsoir

    "Challenges.fr", dont on apprécie les compétences et l'esprit critique, a publié le 30 janvier, sous la "plume au vitriol" d'Anne-Marie Rocco, un article consacré à LVMH, sous le titre "Les chiffres choc de Bernard Arnault".

    Et quel choc ! l'article indique "Bernard Arnault contre-attaque ... Le PDG du groupe LVMH ... a tenu, cette année, à mettre en avant l'empreinte sociale du groupe dans l'Hexagone. Premier point : l'emploi. "En 2018, nous avons embauché 13.500 personnes en France (dont 4 000 CDI, Ndlr), a rappelé le PDG de LVMH. Un chiffre qui place le numéro un mondial du luxe au troisième rang des recruteurs du pays, derrière McDonald's France (32.015 personnes) et la SNCF (29.900 personnes). Mais loin devant le peloton des autres grandes entreprises qui, bon an mal an, recrutent environ 5000 personnes par an, comme Bouygues, Engie, BNP Paribas ou Saint-Gobain. Un mouvement appelé à se poursuivre ... Deuxième point : les impôts. "LVMH paye 1,2 milliards d'euros d'impôts sur les sociétés en France" a révélé Bernard Arnault pour la première fois. Précisant au passage que la France "représente 10% de nos ventes, mais 50% de nos impôts". Une façon de montrer que les bénéfices du groupe ne profitent pas exclusivement aux actionnaires comme on le lui reproche parfois, même si les dividendes, très généreux, augmenteront encore de 20% cette année" ...

    Revenons sur ces deux points.

    Bernard Arnault manipule les informations sociales de son groupe. Impossible de préciser pour 2018 (il n'y a que les données financières qui ont été présentées en détail pour l'instant), mais il nous avait déjà fait le coup en 2017. Le document de référence de 2017 indique en effet (page 83) : "en 2017, les recrutements ont concerné 33 191 personnes sous contrat indéterminé dont 4 411 en France. 8 341 personnes sous contrat à durée déterminée ont été recruté en France. Les pics saisonniers des ventes lors des fêtes de fin d'année ou des vendanges sont deux motifs importants de recours aux contrats à durée indéterminée. Le nombre de départs de salariés en contrats à durée indéterminée, tous motifs confondus, s'élève à 29 640 en 2017 ...".

    Donc, le groupe LVMH, lorsque l'on prend en compte non seulement le type d'emplois (dont de très nombreux CDD) mais aussi le nombre très important de départs (le turn over global est de 12,5% en France), ne crée absolument pas le nombre d'emplois évoqués. LVMH ne voit pas ses emplois augmenter en France de 4 411 + 8 341 = 12 752 emplois. D'ailleurs, les effectifs CDI et CDD de fin d'année (page 81 du même document de référence) en France passent de 26 970 en 2016 à 29 578 en 2017. Pour qui sait compter, la hausse de l'emploi en France permise par le groupe est donc de 2 608 ; et non pas de 12 572 comme il le fait croire deux pages plus loin. Qui plus est, les effectifs en France n'ont absolument pas donné lieu à 2 608 embauches nettes. Là encore, il faut lire entre les lignes : entre 2016 et 2017, le groupe intègre dans les effectifs 2017 une entreprise supplémentaire : Dior couture ; et en 2017, Dior couture compte 1 346 emplois (en effectifs moyens - voir note 1 ci-dessous). Les embauches nettes sont donc au maximum de 2 608 - 1 346 = 1 262 emplois ; ce qui représente à peine 10% du nombre d'emplois annoncés. Première manipulation de choc sur les chiffres réels de l'emploi !

    Côté impôts, nous n'avons pas le détail des impôts payés en France par les diverses sociétés françaises du groupe LVMH. Toujours est-il que la société LVMH (comptes sociaux) verse en 2017 aux actionnaires 2 535 M€, et prévoit pour l'exercice 2018 d'en verser 3 030 M€ au total (1 010 déjà payés et 2 020 M€ pour le solde du dividende). Ce qui signifie que les impôts payés en France par LVMH ne représentent qu'environ le tiers du montant que les actionnaires touchent (dont plus de 47% pour la famille Arnault).

    Mais qu'elle est belle, l'empreinte sociale à la mode Bernard Arnault ! Le social à la mode Arnault, tous les français voudraient bien en bénéficier.

    Notes : l'effectif moyen en ETP (équivalent temps plein) était de 128 637 ETP en 2017, pour 145 247 emplois dans le groupe. Ce qui donne une idée de l'importance des contrats partiels et des CDD de fin d'année ; les ETP ne représentent que 88,6% de l'emploi du groupe ; nous n'avons pas la ventilation par pays des ETP.

    Par ailleurs, le groupe LVMH est très discret sur le niveau des aides à l'emploi dont il bénéficie, et notamment du CICE. Aucune information globale dans le document de référence ; et des bribes d'information dans quelques entreprises. L'empreinte sociale a des limites liées à la transparence !!!

     

    B. Boussemart


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