• Article 145 - De quoi parle t-on dans l'Assemblée Générale du Groupe Mulliez qui va désigner le successeur de Thierry Mulliez?

    Challenges vient de publier un article donnant Barthélémy Guislain comme futur successeur de Thierry Mulliez à la tête du groupe Mulliez. Cet article est d'une indigence totale. Comme si l'important était la question de la tête dans - ou hors - de la famille qui prendrait la succession de Thierry Mulliez.

    L'important pour les salariés, c'est ce qui se discute au sein de la famille.

    Et d'abord dans l'acte de candidature de B. Guislain. Bien évidemment, comme tous les candidats (nous allons y revenir) il met en avant la famille, avec son enjeu "l'affectio", avec l'implication du plus grand nombre d'associés connaissant les entreprises par le travail, par les conseils ou par la proximité ... afin de conserver l'esprit d'entrepreneur ... et (c'est bon pour l'élection) de préparer et impliquer les 30 talents de la génération 20-30 ans capables d'être les gouvernements de demain ... Surtout, c'est l'enjeu de la croissance pour le groupe Mulliez, avec un objectif : accélérer les allocations de ressources dans les métiers et les pays à fort potentiel de croissance ... Ceci, afin de faire coexister le soutien à l'entrepreneuriat (les nouveaux métiers, avec la pépinière Creadev, par exemple) avec le recentrage des ressources vers les entreprises à vocation mondiale. Traduction : ça va bouger dans les entreprises du groupe : les recentrages, restructurations etc... sont à l'ordre du jour. Ce n'est pas pour rien que B. Guislain a le soutien d'un autre candidat en la personne de Jérôme Mulliez, bras droit de Thierry Mulliez, et ses options très financières (voir ci-après). En outre, la gérance doit s'assurer des conditions permanentes de la liquidité des actionnaires (il faut que l'actionnaire s'y retrouve ...) bien évidemment sans limiter la capacité d'investissement. Enfin, il est de bon ton de mettre en avant la mutation multicanale (il faut des hypers, des supers, des magasins, du net et de la vente à distance, des drives ... et un recours accru aux nouvelles technologies pour vendre). Aucun des candidats n'a oublié ce point ... Comme on vous le dit, c'est dans l'air du temps ... et de l'argent à gagner.

    Nous sommes ici loin de la "soupe" que sert Challenges : il n'est guère important de savoir que Barthélémy Guislain a comme passions personnelles (outre sa charmante épouse Marie Hélène Mulliez - branche Guy) sa famille, le sport (Golf - ceux de la famille développés par Gonzague Mulliez avec son associé turc?), l'histoire, les bons plats servis avec de bons vins.

    Barthélémy Guislain va se trouver en bonne compagnie, puisque Romain Mulliez (La Vignery) se présente également aux suffrages de la famille. Sur le fond, Romain Mulliez parle surtout de la mutation digitale des enseignes, avec des questions : sur le capital humain des entreprises du groupe (tiens, les politiques de partage du savoir, de l'avoir, du pouvoir et du vouloir devraient évoluer avec de nouveaux outils et de nouveaux référentiels - bonjour les négociations avec les organisations syndicales - autour d'un bon verre de vin ?) ; sur les équilibres économiques (arrivée d'indicateurs digitaux : quel chiffre d'affaires au m² et quelle notion de surface comparable sur internet ? ; autres équilibres d'exploitation : un magasin demande des investissements initiaux, un site web génère des frais récurrents - d'où de nouvelles manières de calculer le bénéfice ; politique immobilière chahutée, poids de l'énergie consommée par les magasins - d'où des choix radicaux de patrimoine immobilier - ça va secouer aussi chez Immochan !!!) ; sur les organisations (les synergies entre enseignes sont vitales et engagent des décisions à portée éthique : usage des données clients - tiens, nous sommes fliqués ... quelle nouvelle ; réseaux sociaux ... ; la transparence sur internet implique une politique de prix homogène et donc centralisée, le multicanal impose des outils informatiques communs pour la chaîne logistique et les stocks - ... Bref ... Un groupe Mulliez, quel aveu !). Et à nouveau l'exigence de choix sur l'allocation des ressources, en hommes et en capitaux .... d'où des valeurs fortes et claires sont indispensables.

    Les secousses sont donc de mise dans la discussion familiale. Jérôme Mulliez - autre candidat mais pas à la présidence, sa domiciliation anglaise à Londres ferait problème ? - fait l'éloge de l'écosystème de l'AFM, avec ses multiples composantes (familles, entreprises, entrepreneurs et collaborateurs) et la passion qui l'entoure (richesse des rencontres et dimension des enjeux et challenges). A nouveau 3 enjeux : la digitalisation des métiers historiques, l'allocation des ressources, et la gouvernance ; et 3 convictions : le modèle familial permet de créer et développer des entreprises plus justes et plus efficaces, à partir d'une vision, d'un patron entrepreneur, d'une équipe et d'un conseil focalisés sur la réussite d'un projet ... forcément partagé avec un horizon temps (il faut laisser du temps au temps), une confiance a priori en l'homme (mais pas a posteriori ?), des valeurs et des politiques de partage pour une communauté d'intérêt et de sens ... ; le socle de l'entrepreneuriat (la chasse aux rentiers du groupe Mulliez est ouverte ?), avec le constat que les nouveaux métiers constituent 2% de la valeur du groupe, alors que ce sera beaucoup plus à l'avenir ; et l'équilibre entre croissance et liquidité. Ah, la fameuse liquidité : avec un objectif de croissance annuelle de la valeur au-delà de 5% (performance honorable, mais insuffisante) : ce sera donc 10% ; et liquidité pour l'actionnaire et le groupe Mulliez (les concurrents sont prévenus : il faut que le groupe dispose de l'intégralité des résultats si nécessaire pour disposer des ressources financières prêtes à tout moment pour saisir les opportunités) et liquidité pour chaque entreprise du groupe (les ratios sont annoncés). Le tout, avec la référence aux actions d'affectio au sein de la famille, naturellement.

    Un 4ème candidat, Philippe Hyvert (époux de Cécile Mulliez), chante les mêmes louanges sur une autre partition, où l'on trouve : la nécessité absolue de la performance économique (en revitalisant en période de crise les gènes de "radinisme industriel" - Gattaz bis : les salariés ne doivent pas espérer des augmentations de salaires) tout en gardant l'indépendance financière, créant un climat pour faire réussir la "collaboration des générations", en accélérant la création des nouveaux métiers et relais de croissance (toujours Creadev), et en choisissant et faisant réussir les hommes. Il faudra notamment veiller à ce que l'accompagnement humain soit exemplaire en cas de cessation d'activité (comme ont pu le juger les salariés de Pimkie, de Surcouf, et de Milonga).

    Tiens, à propose de Milonga, autre candidature en la personne de Philippe Van der Wees. Très lié à Thierry Mulliez (qui a des actions dans le groupe Cultura), le refrain de la digitalisation revient, tout comme la référence à Creadev, et le cirage de pompes aux nombreux associés de la famille ... dont le groupe doit renforcer le caractère pérenne. Cette candidature semble assez contradictoire aux options de Philippe Hyvert, très branché Responsabilité Economique et Sociale !!! Branché ... vous avez dit branché !

    La branche Gérard Mulliez est représentée à cette élection par Edgard Bonte (un gendre de Patrick Mulliez) et par Marion Menet-Buchsenschutz. Cette dernière candidature est animée par la volonté de s'engager encore plus dans le groupe Mulliez, et de co-construire le demain des entreprises et du groupe Mulliez. Beau programme ; peu étayé, si ce n'est sur le plan des valeurs personnelles, mises particulièrement en avant. Côté Edgard Bonte (qui rempile), des convictions profondes, avec la réaffirmation des règles du groupe : force de la volonté collective, importance des règles de gouvernance partagées, conjugaison de l'affectio, de la croissance et de la performance pour les entreprises, exigence du sens à l'action et recours à la puissance du levier humain ... Et la digitalisation ... Et Edgard Bonte de révéler que depuis plusieurs mois les candidats à la gérance ont déjà fait le travail collectif ... afin de préparer une équipe. Donc, l'assemblée générale est une grand messe ... Les choses sérieuses sont déjà décidées (voir l'analyse ci-dessus).

    Les autres candidats (Bertrand Leclercq, Ludovic Durprez, Antoine Grolin et Guillaume Mulliez) reprennent en chœur les convictions (AFM forte, avec le sens d'être ensemble pour le projet AFM ; la confiance que les actionnaires et dirigeants bâtissent ... avec l'aide de Mobilis - la Family Office du groupe Mulliez ; les exigences de croissance pour les firmes du groupe : digital, politique de partage, Creadev, rémunération des actionnaires et anticipations des besoins financiers). Avec en outre le défi de la proximité : inventer un groupe Mulliez à 1 000 associés et à 1 million de salariés. Tout ceci ne manque pas d'ambitions.

    Le cadre de l'évolution du groupe Mulliez est donc assez clair. Les grandes lignes décrites ci-dessus seront appliquées, quels que soient les heureux élus du conseil de gérance. Et ceci promet pour les salariés.

    Mais cela, Challenges n'en a cure. Quand on vous dit qu'il s'agit de "people" ; itou pour l'annonce 2 ou 3 jours avant des taux d'évolution des FCP, comme s'enorgueillit la Voix du Nord ! Cela fait une belle jambe aux salariés de savoir qu'ils resteront avec de faibles salaires et un petit cadeau (radinerie oblige) avec le FCP pour faire avaler le tout.

    B. Boussemart

     


  • Commentaires

    1
    Allo docteur
    Mercredi 28 Mai 2014 à 11:12

    Détend toi vieux, pète un coup ça ira mieux.

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    2
    Mercredi 28 Mai 2014 à 18:17

    Du calme, cher docteur ... Ce commentaire vous fait-il aussi mal que vous pensez par là ?

    B. Boussemart

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