Petit extrait de notre prochaine publication sur « Les grandes fortunes, les banquiers et les politiciens. La collusion des pouvoirs face à la crise ».

Le monde médiatique est étrange. Les véritables informations sont occultées derrière des rideaux de fumée : personne ne parle actuellement de la société Téthys, qui détient les titres de l’Oréal, dans le cadre de l’accord avec le groupe Nestlé. C’est pourtant Téthys qui contrôle Clymène ; et non pas l’inverse. Pas plus qu’on ne parle des décorations qui pleuvent dans le monde de la finance. Et dont l’exemple vient d’en haut. Pourtant, la presse n’est pas sans ignorer les relations entre Paul Desmarais et notre Président. De même, lorsque M. Woerth déclarait au « Grand jury RTL … du dimanche 27 juin » que les récipiendaires de la Légion d’Honneur faisaient l’objet d’une enquête, notamment sur leur situation fiscale, il oubliait peut être que son collègue Kouchner avait attribué le grade de Chevalier à Mme Bettencourt en 2001 (sous Jospin). Donc, Monsieur Woerth ne sait rien, ne connaît rien, ne contrôle rien : ni responsable, ni coupable. Quel nouveau concept. On se demande à quoi sert un Ministre du Budget ; mais il a dû prendre l’avis de Monsieur Kouchner quant à la situation de Mme Bettencourt … Extraits de notre ouvrage …

Des légions d’honneur comme s’il en pleuvait

Il a été beaucoup glosé au moment de l’affaire Bettencourt/Woerth sur la remise de légion d’honneur (officier) à Monsieur Patrice de Maistre, gérant de la fortune Mme Liliane Bettencourt, octroyée par le ministre du budget de l’époque, Eric Woerth, par ailleurs ci-devant trésorier de l’UMP ; et dont l’épouse participait à la gestion de la société Clymène, elle-même filiale de Téthys (voir notre analyse), qui détient les titres l’Oréal de la famille Bettencourt.

Quelle découverte ! Personne ne s’est penché à l’époque sur le fait que Mme Liliane Bettencourt avait elle-même reçu cet insigne, par le ministre Bernard Kouchner (en 2001 – gouvernement Jospin). Ceci, au titre de sa fondation : Mme Liliane Bettencourt a financé  83,7 M€ (cumul à fin 2009) de projets dans les domaines de la science, de l’humanitaire & social, et de la culture & Art. Cette même fondation où l’on trouve comme administrateurs Marc Ladreit de Lacharrière (patron de Fimalac – vous savez, l’agence de notation qui vous attribue des « mauvais » points pour vous faire serrer la ceinture au nom du « marché » – et présent aux conseils d’administration de Casino, L’Oréal, Renault) ou Jean-Pierre Meyers (L’Oréal) ou l’inévitable Patrice de Maistre. Ces 83,7 M€ de dons, auxquels s’ajoutent selon ses dernières déclarations 400 M€ d’impôts sur le revenu, l’ISF … payés sur les 10 dernières années par Mme Liliale Bettencourt, sont évidemment à rapprocher des 1 700 M€ de dividendes encaissés sur ces mêmes 10 dernières années. Mme Liliane Bettencourt a donc disposé de la modeste somme de 1 200 M€ pour survivre au cours de ces années, soit environ 8 000 années de SMIC chaque année ! Parce qu’elle le vaut bien, très certainement !

Et que ce même insigne, à tous les niveaux (chevalier, officier, commandeur, grand officier, et grand’ croix), concerne les puissants de ce monde, à commencer par notre Président. N’a-t-il pas fait « Grand’ Croix » Mr Paul Desmarais et le Baron Albert Frère, grands financiers devant l’éternel, qui contrôlent via le holding Groupe Bruxelles Lambert des participations significatives dans les plus grandes sociétés du CAC 40.

Ce même Paul Desmarais qui entendait de la bouche de notre Président le 16 février 2008 lors de la remise de cette « Grand’ Croix » : « Si je suis aujourd’hui président, je le dois en partie aux conseils, à l’amitié et à la fidélité de Paul DESMARAIS. En 1995 … il me disait : il faut que tu t’accroches, tu vas y arriver, il faut que nous bâtissions une stratégie pour toi ». Aucune raison de se gêner, quand l’exemple vient de très haut.

D’ailleurs, parmi les grandes fortunes analysées, nous retrouvons comme Chevalier de la Légion d’Honneur : Arnaud Lagardère, François-Henri Pinault, Martin Bouygues, Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre ; mais aussi Patrick Ouart, ancien conseiller (justice) du Président Sarkozy ; ou Nicolas Bazire, ancien conseiller d’Edouard Balladur et administrateur de nombreuses sociétés du groupe Arnault ; ou Mme Bernadette Chirac (décorée par notre Président Sarkozy en 2009). Parmi les Officiers de la Légion d’Honneur, nous trouvons Anne-Marie Couderc (ancienne « jupette »), reconvertie chez Lagardère, Gérard Mulliez (du groupe éponyme), ou Baudouin Prot, de la BNP (la banque dont le directeur adjoint est Mr Georges Chaudron de Courcel, cousin de Mme Bernadette Chirac (qui vient d’être nommée au conseil d’administration de LVMH), et par ailleurs administrateur dans le groupe Arnault et le groupe du Baron Frère). Au niveau des « Commandeurs », nous avons : Bernard Arnault (témoin du mariage du Président Sarkozy avec Cécilia), François Pinault, Vincent Bolloré et David de Rothschild. Au niveau des « Grands Officiers » figure l’emblématique Serge Dassault. Et au niveau des « Grand’ Croix », le Baron Albert Frère et le canadien Paul Desmarais se retrouvent en compagnie d’Antoine Bernheim, qui a été le conseiller financier très écouté de la place de Paris pendant des décennies (Banque Lazard, puis groupe Generali).

Quand le pouvoir de la finance rencontre le pouvoir politique !!! Que de décorations.

 B. Boussemart