• Le 24 décembre 2009, les salariés de Pimkie ont passé leur Noël dans le froid et la neige, à Wasquehal et Neuville ; pour défendre leurs emplois, qui sont leur seul gagne-pain.

    Le 24 décembre 2009, l’Association Familiale Mulliez, avec Thierry et Jérôme Mulliez, Muriel Van der Wees-Mulliez (mais oui, l’épouse « AFM » du PDG de Cultura/Milonga) et Pierre-Alain Vielvoye aux commandes, créent 13 SAS (société anonyme simplifiée – héritage du regretté « tueur de Mammouth » Claude Allègre, qui a bien mérité du capitalisme « éclairé »). Ces 13 SAS ont pris des dénominations qui commencent toutes par « Sur … ».
    Les « Sur … », c’est certain, ont bien une origine ; l’AFM ne crée pas 13 sociétés, la veille de Noël, pour faire un bras d’honneur aux salariés de Pimkie. En, fait, il s’agit d’une stratégie menée de main de maître de longue date par les juristes (il faudrait dire les « fiscalistes ») de l’AFM. Petite histoire.

     Le 10 novembre 2009, une de nos 7 têtes de l’hydre, Cimoflu, annonce son projet de fusion avec une autre tête, Valma. Pas de chance ; notre hydre perd une de ses têtes. Or, dans le projet de fusion, il est annoncé dans l’article 11, que la réalisation définitive de cette fusion sera soumise notamment à la réalisation de deux « conditions … :
    - l’apport d’un pourcentage suffisant de titres de la société Valma (après fusion – avec Cimoflu) aux SCA Acanthe, Cimofat et Valorest, laissé à l’accord des Conseils de Gérance de ces dernières, après avis de leur Conseil de Surveillance respectif, si le nombre de titres apportés se révèle être en deçà de 90% ; l’approbation de ces apports en nature par les assemblées générales extraordinaires des SCA Acanthe, Cimofat et Valorest ;
    - la réalisation des apports des titres des ‘Holding Métiers’ aux ‘Surholding Métiers’ par les SCA Acanthe, Cimofat, Valma et Valorest ».

     Cette nouvelle notion économique et financière nous interpelle : qu’est un Surholding ? Holding, on connaît … Mais « Surholding » ? De plus, ce n’est pas une tête dont on annonce la disparition, mais deux ; en effet, Valma apporterait après la fusion ses titres aux 3 autres SCA fiscalement à la manœuvre en 2000/2001 (Acanthe, Cimofat et Valorest).
    A peine notre « Hydre Mulliez » est créée ; et voilà qu’elle perd immédiatement deux de ses têtes. Heureusement, 13 autres repoussent immédiatement ; n’est pas Hercule qui veut !

    Ces « élues » sont :
    - Suramac : contrôle au moins 90% du groupe Pimkie, Orsay, Xanaka ;
    - Suraumarché : contrôle au moins 61% de groupe Auchan ;
    - Surbolem : contrôle 66,% de Bolem, qui contrôle 72,2% du groupe HTM, lequel contrôle le groupe Boulanger ;
    - Surcrehol : contrôle les pépinières du groupe via les sociétés Crehol et Creadev ;
    - Surestag : contrôle 75% du groupe Agapes ;
    - Surfipar : contrôle principalement 44% de 3 Suisses International ;
    - Surholkia : contrôle 34% du groupe Kiabi ;
    - Surholympiades : contrôle 43% du groupe Décathlon ;
    - Surlebrico : contrôle 66% du groupe Adeo ;
    - Surmajorelle : contrôle 43% du Groupe Maison de Famille (maisons de retraite) ;
    - Surmufil : contrôle 92% de Phildar et 100% de Cannelle ;
    - Sursoparfil : contrôle 8% de groupe Auchan ;
    - et Surtapima : contrôle 81% de Tapis Saint Maclou.

    Prenons l’exemple de Suramac, et des apports venant de Mac-Marketing Advertising et de Haped. Il est indiqué que « les apporteurs ou leurs actionnaires ont placé leurs apports (à Suramac) sous différents régimes fiscaux ; en contrepartie, ils ont pris dans le traité d’apport certains engagements relatifs à la détention des titres reçus en rémunération et au calcul des plus values en cas de revente ultérieure. De même, la société bénéficiaire devra calculer les plus values sur la base des valeurs fiscales dans les écritures des apporteurs ».

    Le montant total des apports peut alors être estimé de trois manières :
    - la première consiste simplement à prendre les valeurs fiscales des apports aux « Surholding » : pour Suramac, la valeur « fiscale » est de 133 M€ ;
    - la seconde consiste à prendre la valeur moyenne des titres apportés par Cimoflu et Valma aux « Surholding », puis de multiplier cette valeur par le nombre total de titres apportés par les 4 SCA ; pour Suramac, cette seconde méthode valorise à 333 M€ Suramac ;
    - la troisième distingue les valeurs des apports de Cimoflu et de Valma (en prenant pour Valma la valeur comptable la plus élevée rencontrée pour les apports des autres SCA), et recalcule la valeur d’un titre apporté par Cimoflu ; cette valeur « Cimoflu » est appliquée au nombre total de titres apportés aux « Surholding ». Cette valorisation donne pour Suramac une valeur de 665 M€uros. Cette valeur est très proche de la valeur des fonds propres consolidés d’Oosterdam BV, holding de tête du groupe Pimkie, Orsay et Xanaka, pour l’année 2007, dernière année publiée.

    La première valorisation est fiscale. Elle correspond à une demande rédhibitoire de la famille Mulliez à l’égard du fisc ; ainsi, pour le projet de fusion entre Cimoflu et Valma, l’AFM indique sans aucune gêne (mais où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, n’est-ce pas ?) que « les apports, objets des présentes, seront réalisés sous réserve de l’obtention des trois agréments connexes prévus aux articles 210 A et B, à l’article 210 B-3 et à l’article 115-2 du Code Général des Impôts délivrés par la Direction Générale des Impôts, ainsi que la réalisation de l’attribution visée à l’article 115-2 ». En d’autres termes, je paierai éventuellement les plus-values sur les titres de l’AFM que ces nouvelles sociétés intègrent, le cas échéant, ou pas du tout.
    Au total, les apports aux 13 « Surholding » atteint 5 784 M€ avec cette première valorisation.

     La seconde valorisation se rapproche de la réalité, mais sous-évalue le patrimoine de l’AFM. Le cumul des titres apportés par Cimoflu aux 13 « Surholding » ne vaut en effet à cette valeur moyenne que 1 713 M€. Or Cimoflu est estimé dans le processus de fusion à 3 105 M€. Et ce ne sont pas les quelques titres figurant dans le patrimoine de Cimoflu (Sonepar, Gargano, Norauto Groupe, …) et non repris dans les 13 « Surholding » qui peuvent expliquer une telle différence.
    Au total, les apports aux 13 « Surholding » atteint 8 478 M€ avec cette seconde valorisation.

     La troisième valorisation est la moins fictive ; elle se rattache aux valeurs retenues par les « experts » pour les diverses sociétés. L’exemple de Suramac est évident. Autre exemple : celui de Suraumarché et de Sursoparfil, qui détiennent tous deux du « Groupe Auchan ». A ce troisième mode de valorisation, Groupe Auchan est valorisé au total à environ 10,5 milliards d’euros ; et cette valorisation est proche de la valeur des 31 597 138 titres de « Groupe Auchan » valorisés fin 2008 à 341,61 € par titre, soit 10,7 milliards d’euros.
    Au total, les apports aux 13 « Surholding » atteint 12 873 M€ avec cette troisième valorisation.

    Il faut souligner que le contenu de ces 13 « Surholding » ne couvre pas la totalité des titres détenus par l’AFM ; par exemple, manquent à l’appel des sociétés comme Brice ou Jules, et des parties non négligeables des groupes Adeo, Auchan, Agapes … C’est à ce niveau qu’interviennent les autres composantes de l’AFM, notamment Claris NV aux Pays-Bas, et la SC Soderec en France. Nous maintenons donc notre estimation globale de l’AFM à 18,4 milliards d’euros. D’ailleurs, et pour en revenir au projet de fusion entre Cimoflu et Valma, les deux SCA sont estimées à elles seules en valeur d’expert à respectivement 3,1 et 4,26 milliards d’euros, soit 7,36 milliards d’euros. Enfin, il faut aussi rappeler les « pans » entiers de groupe qui sont hors AFM, mais dans la famille Mulliez : Ausspar pour la famille Gérard Mulliez, Afir Holding pour la famille Leclercq, Hofider pour la famille Derville, Cultura pour la famille Van der Wees …

    En définitive, les écarts importants entre la valorisation fiscale et les valeurs « réelles » des sociétés du groupe Mulliez montrent que l’AFM optimise sa gestion fiscale, y compris sur les plus-values des titres. Par petites touches, au fil des fusions, elle augmente ses valeurs « fiscales » ; ainsi, en 2000/2001, lors de la création des holdings Aumarché, Bolem, Lebrico, Mufil, Restag et Tapima (le holding Optext sera créé un peu plus tard), la valorisation fiscale était de 980 M€.

    En 10 ans, la valorisation « fiscale » de l’AFM est pratiquement multipliée par 6.

    Entre Noël et le Nouvel An, l’AFM s’occupe de ses cadeaux fiscaux ; elle n’a pas le temps de jeter un seul regard sur les salariés de Pimkie. Rappelez-moi : qui a dit qu’il faut « faire passer l’homme avant le fric » ?

    B. Boussemart


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  • Le groupe Mulliez existe, n’en déplaise à certains commentateurs qui font tout pour ignorer son existence juridique et financière. Il a pris la forme de l’hydre, avec sept sociétés qui forment les sept têtes du tronc commun que constitue le Groupe Mulliez.

    Jusque fin 2008, six sociétés (voir nos articles précédents) constituaient collectivement le groupe Mulliez : en France, les Sociétés en Commandite par Actions (SCA) Acanthe, Cimofat, Cimoflu, Valma et Valorest ; et aux Pays-Bas la société Claris NV. Une 7ème tête vient de pousser en France : Claris France SAS. Nous sommes heureux de vous préciser les conditions de son apparition, qui confirme en tous points l’articulation des sociétés civiles des membres de la famille au groupe Mulliez, puisque les autres SCA ou Claris NV fonctionnent selon les mêmes principes.

    L’article 8 des statuts de Claris France contient évidemment la clause Mulliez-Lestienne (voir « La richesse des Mulliez » en pages 77 et sq.).

    Le montage financier présidant à la création de Claris France est surtout très éloquent quant aux liens collectifs des sociétés civiles et/ou des membres de la famille avec chacune des 7 têtes de l’hydre Mulliez, et dans le cas présent de la « tête » Claris France.
    En effet, les titres Claris France ont été attribués en contrepartie d’apports d’autres titres, fait dans le cadre d’une Société En Participation (SEP) « LML », et des sociétés civiles Loubyfan, Loubyfan 2, Kymu et Romagest.

    Le point intéressant est la Société En Participation « LML » (Louis Mulliez Lestienne) ; dans une SEP « les associés peuvent convenir que la société ne sera point immatriculée. Elle n’est pas une personne morale et n’est pas soumise à publicité ». Inutile donc de rechercher dans les données du greffe une SEP « LML » ; elle n’est pas immatriculée ; et comme elle n’a ni la qualité de personne morale et n’est pas soumise à publicité, elle est particulièrement discrète. Inutile d’aller dans un paradis fiscal : l’article 1871 du Code Civil vous donne en France tout ce dont vous avez besoin.
    Notre SEP « LML » regroupe à elle seule 127 des 249 sociétés civiles décrites dans notre ouvrage (page 325), et pour le reste 262 membres du clan Mulliez. Il a été apporté par ces sociétés civiles et par les membres du clan Mulliez un total de 3 639 832 parts de la SEP « LML », et il leur a été remis en contrepartie 260 439 titres de la SAS Claris France. Ces titres représentent 5,29% du capital souscrit de Claris France.
    Les autres sociétés civiles ont reçu en contrepartie de leurs apports, respectivement pour Loubyfan, Loubyfan 2, Kymu et Romagest 3 033 024, 1 162 474, 383 699 et 86 479 titres Claris France, soit 61,57%, 23,6%, 7,79% et 1,76% du capital de Claris France.

    Au total, 4 926 115 titres Claris France ont été émis avec une valeur unitaire de 5,35 €, pour une valeur totale de 26 355 K€. Le capital statutaire de Claris France est de 5 000 000 de titres, soit un capital de 26 750 K€.

    Avec la SEP « LML », nous avons la preuve tangible de l’existence d’un Groupe Mulliez, groupe qui se concrétise avec nos 7 têtes de l’hydre : Pour la France : Acanthe, Cimofat, Cimoflu, Valma, Valorest et Claris France ; et pour les Pays-Bas Claris NV. Et comme pour l’hydre, une tête peut être coupée sans dommage pour les autres, comme pour le Groupe Mulliez.

    Comment en définitive se caractérise l’AFM ? Par un groupe, ou une hydre ? Groupe Mulliez, ou Hydre Mulliez ? 

    B. Boussemart


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  • En pleine période de Noël, tous les médias (Le Figaro.fr, La Voix Eco.com, Daily-Bourse.fr …le 23 décembre ; FR3 Nord-Pas-de-Calais et TF1 le 24 décembre) se font l’écho d’une grève lancée par les salariés de l’enseigne Pimkie, sur qui pèsent 190 licenciements.

    Etrangement, aucun chiffre ne transpire sur cette affaire. Licencier suppose des pertes, des menaces sur l’entreprise. Surtout dans une famille pour qui « il faut faire passer l’homme avant le fric ».
    En attendant, « l’homme et la femme Pimkie » vont passer la nuit de Noël dans le froid, pendant que la famille ira se recueillir devant la crèche de Bondues ou de Croix, avant de réveillonner. Inutile de réveiller Dickens ; il est bien présent en plein XXIème siècle.
    Revenons à quelques chiffres.

    Les comptes publiés par Diramode (maison mère de Pimkie) font apparaître un cumul de 52 905 K€ de bénéfices sur les 5 derniers exercices ; soit une moyenne de 10,6 millions d’euros de bénéfices par an. Vous ne rêvez pas ! Pimkie fait des bénéfices. En 2008, le bénéfice net de Diramode est de 10,9 millions d’euros. Probable que ce n’est pas encore assez pour la famille Mulliez, qui il est vrai, applique avant tout son adage favori : « il faut faire passer l’homme avant le fric ». Nous en avons ici une nouvelle preuve.
    Et encore, ceci n’est rien. Dans le cadre des restructurations en cours dans le groupe Mulliez, la maison mère de Diramode, qui était bicéphale (c'est-à-dire détenue à la fois par deux holdings : un holding français – Optext, et un holding hollandais – Fashion Shop International – FSI), a été simplifiée. Tous les titres « Diramode » possédés par l’AFM via Optext ont été cédés à FSI : plus-value encaissée par la famille Mulliez au passage : 47 millions d’euros ; distribués dès le 18 décembre 2008 à hauteur de 45 millions d’euros, en tant qu’acompte sur dividende. Et pour mieux occulter le tout, Optext a changé de nom, pour devenir « Crehol » ; inutile d’aller chercher sur le greffe la société Optext.

    Mais alors, la société Diramode, possédée en totalité maintenant par FSI, se porte t-elle mal ? Un petit détour est nécessaire. Par des holdings … hollandais.
    En effet, depuis l’exercice 2003-04 (voir notre ouvrage pages 466 et suivantes) il existe un groupe Oosterdam/Kibe, qui contrôle l’ensemble des enseignes Pimkie, Xanaka et Orsay (Orsay étant implantée en Allemagne et dans les pays d’Europe de l’Est). Ce groupe génère bon an mal an plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires ; et depuis 2003-04, a réalisé un cumul de 202 millions d’euros de bénéfices. La seule année déficitaire a été l’année 2007, avec une petite perte inférieure à 5 millions d’euros, liée à des coûts de restructuration en … Allemagne. Rien à voir avec la France (voir ci-dessus : en 2007, Diramode a réalisé 16,9 millions d’euros de bénéfices).

    En 2008 : silence radio. Aucun compte n’a été publié pour Oosterdam, le holding qui contrôle FSI (Pimkie), MHV (Orsay) et Promogest (Xanaka). Aucun compte n’a été publié sur Woelsewaard, holding qui contrôle Oosterdam. Le véritable contrôle de Pimkie/Orsay/Xanaka, c’est Woelsewaard. A mi-décembre 2009, les comptes de 2008 n’ont pas encore été publiés, ni pour Oosterdam, ni pour Woelsewaard. Encore un effort de transparence de la part de l’AFM.
    Toujours est-il qu’en 2007, la situation consolidée (toutes sociétés confondues) d’Oosterdam était particulièrement critique (sic) !!! Qu’on en juge : 633 millions d’euros de fonds propres pour 34 millions de dettes financières au total, et 258 millions d’euros de liquidités (du cash comme l’aime l’AFM) ! De qui se moque l’AFM lorsqu’elle annonce 190 licenciements chez Diramode, après avoir licencié 62 autres personnes chez Xanaka ? Où sont les périls financiers ?

    La situation avait-t-elle changé en 2008 ? Mais alors, publiez les comptes d’Oosterdam et de Woelsewaard, Messieurs de l’AFM ; avec toute la transparence que vous préconisez … chez les autres. Nous pouvons vous aider un peu, puisque les comptes sociaux 2008 de FSI, MHV et Promogest ont été publiés :
    - Pour FSI, 423 millions d’euros de fonds propres, pour 8 millions d’euros de dettes financières et 20 millions de liquidités … Incroyable : pratiquement pas de dettes ; des liquidités bien supérieures à ces dettes, et pratiquement que des fonds propres. Rappelons que FSI est le holding qui contrôle tous les « Pimkie », en France comme à l’international !
    - Pour MHV, 413 millions d’euros de fonds propres, moins de 2 millions d’euros de dettes financières et près de 58 millions d’euros de liquidités. Là encore, où sont les risques de faillite ?
    - Pour Promogest, près de 62 millions d’euros de fonds propres, pour moins de 1 millions d’euros de dettes financières et près de 2 millions d’euros de liquidités.
    En d’autres termes, la situation en 2008 n’était pas bonne, elle était excellente pour toutes les sociétés du groupe, y compris Xanaka (cf Promogest ci-dessus).

    Nul doute que la situation en 2009 doit s’être particulièrement aggravée, pour en arriver à licencier 62 + 190 personnes chez Xanaka et Pimkie !
    En fait, et sans être devin, c’est M. Maurice et l’AFM qui nous donnent la réponse à cette question. Monsieur Maurice (qui vient de Camaïeu – voir notre article 10) a de grosses ambitions pour le groupe Woelsewaard et … le groupe Phildar. Et l’Association Familiale Mulliez, en la personne de son Président Thierry Mulliez, lui donne le feu vert. Comme les trois singes bien connus, l’AFM ne voit rien, n’entend rien et ne parle pas. Sauf qu’en l’occurrence, elle sait tout, et organise tout.

    Petit scoop … Ce n’est pas notre habitude. Ainsi, n’avons-nous parlé ni des mouvements chez Cultura, ni des mouvements chez Xanaka … Parce qu’il n’y avait rien de tangible (par exemple, Xanaka n’a pas publié ses comptes 2008, et Cultura n’a publié aucune information, et encore moins de comptes, depuis sa création). Mieux vaut ne pas parler que de … Bref.
    Scoop donc, messieurs de la Presse. Le 3 décembre 2009, la société néerlandaise Woelsewaard a créé en France une SAS – la Société Sopardam – dont le Président est M. Thierry Mulliez. Ce type de société nous est bien connu (voir notre ouvrage pages 127-128, les sociétés stock-options). Que disent ses statuts :
    Article 7.2 : « Le capital social est composé de deux catégories d’actions.
    - les actions de catégorie A dont la souscription et la détention sont réservées aux personnes agréées par le Président pour cette catégorie spécifique d’actions. …
    - les actions de catégorie S dont la souscription et la détention sont réservées à des salariés ou à des mandataires sociaux ou à des membres des conseils d’administration et de surveillance … des sociétés :
    . FASHION SHOP INTERNATIONAL, société de droit néerlandais … (ayant) le numéro 301 02 434
    . PROMOGEST, société de droit néerlandais … (ayant) le numéro 341 25 907 ;
    . MHV …, société de droit néerlandais … (ayant) le numéro 330 01 391 ;
    . MODEMA SAS … (société française, ex société Optimea, ayant comme RC) 433 569 076 ;
    . MUFIL SAS …, (société française, ayant comme RC) 439 529 314. »
    Traduction : la société Sopardam a un capital de 500 000 €uros, devant passer à 5 millions d’euros. Les salariés de Diramode seront heureux d’apprendre, comme ceux de Xanaka et bientôt ceux de Phildar, ou de Cannelle, ou de Grain de Malice, que M. Maurice et l’AFM ont déjà prévu – avant même que la restructuration de l’ensemble de ces sociétés soit annoncée – de remercier les salariés zélés des sociétés contrôlées par Woelsewaard ou par Mufil, et surtout les mandataires sociaux ou les membres des conseils d’administration (qui appartiennent souvent à la famille Mulliez) de ces mêmes sociétés, par des distribution d’actions. Que ces heureux bénéficiaires pourront souscrire jusqu’à 5 millions d’euros de titres (en valeur nominale).
    Mufil est en effet une société de contrôle de Phildar (Mufil est l’équivalent « Phildar », d’Optext pour « Diramode »), et Phildar contrôle Cannelle et l’expansion de Grain de Malice (voir la restructuration de Xanaka).

    L’AFM et M. Maurice ont donc comme objectif minimum de coordonner cet ensemble d’enseignes, sinon la création de Sopardam n’a aucun sens. Et ce sens est donné par le capital déjà investi (500 000 €) dans la société, et le capital statutaire (5 millions d’€). Tout le monde le sait, « un sou est un sou ». Et 5 millions d’€, ça correspond à quelque chose. Pour mémoire, Soparorsay (pour Orsay), comme Soparki (pour Kibé), n’avaient chacune qu’un capital statutaire de 100 000 €, et Soparxanaka (pour Xanaka) qu’un capital de ...  1 000 €. Chercher l’erreur.
    En d’autres termes, la "récompense AFM" a déjà sa société. Reste à accroître rapidement les bénéfices, que l’AFM « estime » insuffisants : M. Thierry Mulliez, présent au World Forum de Lille, a-t-il écouté les paroles de M. Gérard Mulliez : « il faut faire passer l’homme avant le fric » ? Ou faisait-il comme les "3 singes" ?

    En tout état de cause, comme le montrent les informations financières publiées ici, les licenciements n’ont aucun objet, pas plus économique que financier. Il s’agit bien de faire de plus en plus de « fric ».

    Et de ce point de vue, il ne faut pas tomber dans le piège tendu par la famille. Vouloir aussi « un peu de fric » pour se faire licencier, c’est une bêtise sans nom. Quand bien même l’AFM et M. Maurice consentiraient à donner 100 000 euros de prime par personne, ça ne leur coûterait pas cher. Il suffit de faire le calcul. Pour quelques salariés et quelques actionnaires, déjà 5 millions d’euros de prévus dans Sopardam. Pour 190 licenciements, avec 100 000 euros par salariés, 19 millions d’euros. La seule plus-value réalisée le 18 décembre 2008 sur la cession d’une partie des titres de Diramode a rapporté 47 millions d’euros à l’AFM. Alors qu’une fois licencié, le salarié de Diramode retrouve quoi, comme travail dans sa région ? Il ira chez Auchan, qui réduit ses effectifs (caissières …) ?

    Ce qui est inadmissible, pour quelqu’un qui se refuse à « faire passer l’homme avant le fric », c’est un seul licenciement ; quand l’entreprise est déjà largement rentable.

    Des actes, MM Maurice et consorts, du groupe Woelsewaard/Mufil. Appliquez la déontologie « Mulliez » !!! Ou celle-ci ne serait elle qu’une vaste plaisanterie à destination de tous les médias cités en ce début d’article ?

     Benoît BOUSSEMART

     


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  • Pour la première fois, nous disposons des comptes des sociétés françaises d'Auchan, de Leroy-Merlin et de Décathlon. Ce sont les trois sociétés principales de l'AFM en France. Les comptes sont encore très frustres. Mais ils sont éloquents : qu'on en juge !
    En 2008, les salaires bruts et la participations (toutes catégories de salariés, y compris les cadres) se sont élevés respectivement en milliers d'euros chez Auchan France, Leroy-Merlin France et Décathlon France à :
    1 334 699 + 446 197 + 231 207, soit un total de 2 012 103 milliers d'euros.
    En 2008, la participation versée aux salariés des trois enseignes sont de :
    108 000 + 51 460 + 69 89 = 189 356 milliers d'euros.
    Au total, les salariés ont "bénéficiés" de rémunérations (dont il faudrait déduire les charges sociales, part salarié pour les rémunérations brutes) :
    1 442 699 + 497 657 + 261 103 = 2 201 459 milliers d'euros.
    Ceci, pour des effectifs publiés de (attention, les effectifs de Décathlon sont "approximatifs" (voir ci-après)
    50 506 + 17 799 + 14 618 = 82 923 personnes.
    Ce qui donne une rémunération salariale moyenne par mois (brut + participation), de :
    Auchan France : 2 380 € ; Leroy-Merlin France : 2 330 € ; Décathlon : 1 488 €.
    Ce qui donne une rémunération moyenne de 2 212 €uros par mois par salarié pour les trois enseignes.
    L'estimation "Décathlon" tient à une indication publiée officiellement du nombre de salariés, sans précision. Les commissaires aux comptes ne se sont pas attardés sur le fait de savoir s'il s'agissait de salariés à temps complet, ou à temps partiel ... Bref, le social ...
    En même temps, le bénéfice net (après amortissements ...) des trois entreprises françaises du groupe est :
    299 975 + 224 321 + 85 991 = 610 287 milliers d'euros en 2008.
    Pour chacun des 500 actionnaires de l'AFM, ceci représente un bénéfice mensuel de : 101 715 €uros, soit 46 fois le salaire moyen de chacun des 82 923 salariés français des sociétés !!!
    Quand Gérard Mulliez vous disait que le rapport était au maximum de 1 à 20 !!!
    Et encore, dans les cadres des sociétés ci-dessus, il y a des membres de la famille qui touchent de gros salaires. Mais comme le dit le rapport de Décathlon France (page 14) : "Informations relatives aux rémunérations des organes de direction : Cette information n'est pas mentionnée car elle reviendrait à donner les rémunérations individuelles".
    A nouveau, vive la transparence et la responsabilité sociale des firmes ; vive le "World Forum" !


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  • « Pipame » vient de publier un rapport en novembre 2009 intitulé « Le commerce du futur ». Ce rapport est en ligne, vous pouvez le charger gratuitement. Il a comme « en-tête » le sigle de la « République Française », et « résume les travaux d’un groupe interministériel » (pas moins) !

     A la lecture de ce rapport, on rêve ! C’est du niveau … Raffarin : exemple de « conclusion » dudit rapport : (page 77) : « les leaders d’hier seront challengés par des challenger dynamiques » !!! Et pourquoi pas inversement, les « challengers mollassons laisseront la place aux leaders d’hier » !!!
    Les autres conclusions sont du « même tonneau ». N’insistons pas …

     La question de fond d’un diagnostic, avant de faire des prospectives (ils auraient dû consulter l’économiste Michel Godet, notre titulaire de la chaire de prospective au CNAM, par ailleurs administrateur du groupe Bongrain, Membre de l’Institut Montaigne, Animateur du Cercle des Entrepreneurs du Futur, rien que ça … que du beau monde libéral ; afin de mieux cerner les lapalissades), c’est d’étudier ce sur quoi se fonde le diagnostic en question.

     Surprise, surprise … Le plus souvent, des statistiques non officielles, venant de publications dépendant largement des subsides patronaux. Exemples. Page 14 sur l’Alimentaire. Le classement des enseignes françaises compare 2007 et 2008, avec des chiffres d’affaires non précisés. Or la source (sic) utilisée, à savoir Linéaires Distribook 2009, raconte n’importe quoi : les chiffres d’affaires de Carrefour, Auchan et Casino sont des chiffres d’affaires hors taxes consolidés, tout à fait officiels et contrôlés, alors que les données Leclerc, Intermarché et Système U sont des données non contrôlées, taxes comprises. Et le rapport conclut : « les grandes chaînes d’indépendants (Intermarché, Leclerc, Système U) sont les plus dynamiques sur le territoire français » ; ceci, à partir de données mondiales, TTC d’un côté et HT de l’autre. De qui se moque t-on ? Pour le « sarkoziste moyen » (qui a l’habitude de gober n’importe quoi) à la rigueur (si l’on ose dire) … Mais pour un rapport d’un « groupe interministériel » !

    Page suivante (15) l’activité « sport » est tout aussi maltraitée. Décathlon France est présenté avec un chiffre d’affaires 2006 et 2007 de respectivement 2 710 et 2 897 M€, alors que la ventilation du chiffre d’affaires consolidé du groupe Décathlon donne pour la France et ces mêmes dates respectivement 2312 et 2 502 M€ ; pour Go Sport, ce n’est pas mieux : pour ces mêmes dates, le rapport annonce un chiffre d’affaires France de 847 et 837 M€, alors que les données officielles publiées par le groupe (il suffit de se mettre sur internet pour obtenir ces chiffres) sont de 771 et 773 M€ pour le groupe mondial, dont 709 et 700 M€ pour le chiffre d’affaires France du groupe (Go Sport et Courir notamment), et que le chiffre d’affaires stricto sensu de Go Sport France est de 551 et 578 M€.
    A la même page, l’habillement est en capilotade !! Il est ici supposé que l’on parle du chiffre d’affaires en France. Or Kiabi est positionné en leader, avec 792 M€ de chiffre d’affaires en 2007. Pas de chance ; le chiffre d’affaires de Kiabi Europe n’est que de 736 M€ cette année là (comptes officiels publiés). Pour H&M, pas de chance non plus : H&M publiait jusqu’en 2006-2007 des données exclusives « France » ; or, en 2006-07, il intègre dans sa comptabilité des données de CA en transfert vers d’autres pays. En regardant l’évolution stricte du chiffre d’affaires d’H&M, nous avons respectivement pour 2005-06, 2006-07 et 2007-08 des valeurs de 575, 634 et 702 M€ ; et les 634 M€ de 2006-07 (à fin novembre 2007) sont censées correspondre aux 747 M€ annoncés dans l’étude ! La Halle est pour sa part annoncée avec un CA de 666 M€, alors que le CA publié dans les comptes est de 695 M€ ; enfin Zara France est annoncé ave 556 M€ de CA, alors qu’il est en 2007 de 570 M€, dont 521 M€ en vêtements et 47 M€ en chaussures. Mais que fait le Ministre chargé de l’industrie ? Il est trop occupé par sa bonne ville de Nice, et le couvre-feu pour les petits jeunes ?
    Faut-il aller jusqu’au bricolage ? Le rapport annonce un chiffre d’affaires (page 16) de 3 285 M€ pour Leroy-Merlin (France) en 2007. Or le chiffre d’affaires est de 3 838 M€ en 2007 (comptes sociaux) pour la seule société Leroy-Merlin France ; et ne comprend pas les données de Weldom etc… A nouveau, de qui se moque t-on dans ce rapport ? Il n’y a même pas de source sur ces chiffres !!! C’est « Mme Soleil » qui préside au Ministère de l’Industrie ?

    C’est tout pour les chiffres. Heureusement. A ce rythme là, le rapport aurait épuisé toutes les bonnes volontés de l’INSEE. Quelques rares informations très générales venant de l’INSEE, ou du CREDOC. Ou alors du « baratin marketing », que l’on retrouve dans tous les rapports des enseignes …

     Vive le « Commerce du futur ». Ce rapport est une honte. Dia-Mart, qui l’a réalisé, est une société de « conseils », où les consultants viennent de Décathlon, Ikea, Auchan, Cultura, Cora … Bref, que des « esprits critiques ».
    Et le Comité de pilotage « inter ministériel » sur ce rapport était présidé par M. Thierry Ménager, ancien « assistant Vice-Président » chez Lehman Brothers. Faut-il en rajouter ?


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